Cinquièmes du Top 14 en ne prenant en compte que les dix derniers matches, les Catalans peuvent regretter leur début de saison qui les contraint à être toujours en position de barragistes. Par ailleurs, après cette période hivernale l’USAP est ragaillardie. Plus sûre à domicile, avec la volonté de créer l’exploit à l’extérieur, elle ne pense plus comme une équipe qui ne joue que le maintien, mais bien comme une formation qui regarde vers l’avant.

Qu’y a-t-il de différent entre une 13e place en mars 2024, et une 13e place le 2 décembre 2023 ? Dans le fond, l’USAP reste barragiste. Certes. Mais, si on creuse, il y a un monde entre ces deux classements espacés d’un hiver.

Quand les Catalans entraient dans leur mois de décembre par un deuxième déplacement consécutif à La Rochelle et une défaite sèche infligée par les mondialistes charentais (35-6), le début de l’hiver, à Aimé-Giral contre Bayonne, ressemblait à une période couperet. Deux victoires, 8 points au compteur et autant de retard sur le 12e, Lyon. Seul le MHR, dont peu de monde avait pour rêve qu’il reste lanterne rouge, était en pire situation. Bref, la peur planait. Mais, comme un symbole, c’est un soir où la tramontane soufflait sans raison que le vent a tourné dans la saison de l’USAP.

Face à Bayonne, le 22 décembre, les Catalans mettaient fin à une disette de 21 mois sans bonus offensif et se libéraient enfin (36-10). Sans avoir froid aux yeux, ils avaient joué balle en main. Ils avaient redonné des frissons à Aimé-Giral, après deux précédentes victoires étriquées. Un jeu semblait se dessiner. Des certitudes semblaient se bâtir dans l’antre de l’USAP. Et une équipe type se dégageait. Un vrai point de départ avant que la bascule opère. D’abord à Castres (13-17), où les sang et or avaient décroché un succès aussi précieux qu’inattendu, sur la pelouse d’une équipe qui trustait le top 2 du championnat. Puis, quelques jours plus tard contre Oyonnax (27-12), qui confirmait le nouvel élan de confiance.

Un triptyque gagnant qui a scellé les nouvelles ambitions de l’USAP. D’ailleurs, elle regardait vers l’avant. Forte d’une nouvelle puissance à domicile avec une défense hors pair et un courage à toute épreuve, l’USAP voulait exporter ces valeurs-là. Qui plus est sur la pelouse de Lyon, alors derrière elle au classement. Mais c’est là que le bât blesse.

Dans cette si faste période, les joueurs de Franck Azéma n’ont pas su mettre les mêmes ingrédients à Aimé-Giral qu’ailleurs. Cette force défensive sur sa ligne, grâce à laquelle l’USAP a construit ses succès contre le Racing 92 (26-5) et La Rochelle (27-15), n’a jamais su se montrer au grand jour loin de Perpignan. En cinq matches joués à l’extérieur depuis le 2 décembre, l’USAP a en moyenne encaissé 32 points. À domicile, sur la même période, c’est 11,8 points.

Cet aspect empêche encore les Catalans de valider leur période positive. Et de basculer dans la bonne partie du classement. Pourtant, l’USAP est 5e du Top 14 sur les dix derniers matches. Avec 27 points, dont 23 pris à domicile. Mais elle a tellement pris de retard en début de saison avec quatre défaites en autant de matches, des prestations sans saveur et l’impression que tout était encore à construire, que malgré ces dix bons derniers matches, Perpignan est toujours à cette 13e place. Rageant.

Une deuxième victoire à l’extérieur serait une bascule ?

Mais comment, avec ce classement sur l’hiver écoulé, ne pas croire que l’USAP peut viser plus haut ? Gagner à l’extérieur dans ce championnat est tellement dur qu’on le voit, avec une seule victoire en cinq matches à l’extérieur, les Catalans font partie des meilleures équipes de l’hiver. Seuls Bordeaux-Bègles (3), le Stade Français (2), Toulouse (2) et Montpellier (2) ont plus d’une victoire à l’extérieur sur cette période. Cinq équipes en ont aucune. Peut-être qu’une deuxième, à Oyonnax, ce samedi (17 h), donnerait un nouveau coup de boost à ce groupe. Mais une chose est sûre : Aimé-Giral doit rester imprenable. C’est le secret de la réussite lors de ces dix derniers matches. Les bonus offensifs aussi, qui peuvent tant faire la différence à la fin de la saison. Ainsi, si un succès loin d’Aimé-Giral pourrait faire rêver, ne pas confirmer en Catalogne rendrait ces efforts vains. Mais croire en cette équipe et en la possibilité de se sauver sans passer par un barrage c’est confirmer qu’il y a bien un monde entre cette 13e place et celle du 2 décembre dernier. C’est confirmer, aussi, que cette USAP a de quoi regarder vers l’avant et que les mentalités ont bien changé.

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