L'usap
USAPiste impliqué
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Propos recueillis à Perpignan par Vincent BISSONNET
Où en est l’Usap, près de deux mois après l’euphorie de la remontée ?
Nous revenons tout doucement sur terre après une saison magnifique. Le titre a été bien fêté. À Perpignan, tout est décuplé, les joies comme les déceptions. Mais il faut basculer désormais : de nombreuses difficultés se dressent devant nous. Tout le monde est bien conscient de notre position et du challenge qui se présente. On l’aborde avec humilité et avec la ferme intention de batailler.
Avez-vous eu besoin de parler à vos joueurs pour éviter une démobilisation ?
Nous avons toujours parlé, en même temps, de montée et de maintien. Les joueurs savent que notre but n’est pas encore atteint. Ça ne nous intéressait pas de faire un coup sans lendemain. Ce qui animait le club, l’an passé, c’était de ramener l’Usap en Top 14 mais ça nécessite de la continuité. La tâche qui nous attend désormais sera au moins aussi dure. Tout le monde est satisfait mais il n’y a qu’une marche de gravie.
En quoi la saison passée peut-elle vous servir ?
L’expérience a été merveilleuse, extraordinaire. Ce grand moment participe à la construction de ce groupe qui veut revivre ces instants. C’est comme une drogue. La joie a été au-delà de nos espérances. Beaucoup de joueurs qui ne sont pas du coin ont pris une grande claque émotionnelle. De voir ce groupe réaliser une telle performance aussi rapidement avec cette pression, cette attente autour, ça décuple encore tout.
Comment, en tant que Perpignanais pure souche, avez-vous vécu le désamour des supporters contre le club après la relégation et le retour de flamme ?
Il y a eu un désamour effectivement mais ce n’était pas tant contre l’Usap. Ça voulait dire : « On vous aime mais vous nous faites trop de peine. » Dès que l’espoir est revenu, dès que nous avons de nouveau égayé l’humeur des supporters, ils se sont replongés avec un enthousiasme sans égal. Il faut savoir qu’il n’y a aucun mec dans les tribunes d’Aimé-Giral qui vient pour faire la fête ou voir perdre l’Usap. Tout le monde se déplace pour la voir gagner. Quand il y a un doute, quand l’équipe n’est pas en position de force, les gens se déplacent moins car ça devient très anxiogène. Ils souffrent avec leurs joueurs. C’est différent des supporters basques, par exemple, qui viennent avec l’espoir de voir gagner leur club mais qui sont aussi contents de croiser les voisins et de chanter… Ici, il y a des chants et du bonheur aussi mais que quand ça gagne. Sinon, nous sommes malheureux. La vérité, c’est que lorsque Perpignan a plus de chances de perdre que de l’emporter, les gens restent à la maison. Quand ça ne sourit pas, les supporters sont tellement tristes qu’ils vous le font payer. Si vous leur amenez du bonheur, ils vous donnent sans compter. C’est notre responsabilité de les faire venir au stade avec ce que l’équipe dégage dans l’envie, le caractère, le combat… Le talent passe au second plan ici. Ça vient en plus. Un joueur talentueux qui n’a pas l’état d’esprit ne reste pas longtemps.
Qu’est-ce que le public peut attendre de votre retour en Top 14 où vous n’êtes pas en position de force ?
Nous avons un public intelligent qui connaît le rugby. Vous savez, il n’y a pas que des cons à Perpignan. C’est le même pourcentage qu’ailleurs. Tout le monde est conscient de notre position sur la ligne de départ. Les supporters savent que nous allons lutter avec des équipes ayant cent fois plus de moyens et qui ont l’habitude d’évoluer à ce niveau. Ils attendent que nous ayons la tête levée, que nous ne perdions pas d’avance, que nous bataillions. Partout, dans chaque endroit, à Aimé-Giral et ailleurs. Ils peuvent se reconnaître dans ces valeurs. Quelle que soit la difficulté du championnat, ils ne supporteront pas une mauvaise attitude et nous le feront payer cher. C’est légitime, ils auraient raison.
L’objectif sportif est évident…
(Il coupe) Le maintien. Et quelle que soit la façon dont il est obtenu. En terminant douzièmes ou treizièmes avant de remporter le barrage, peu importe. Nous aurons un jeu avec lequel nous avons envie de nous battre. Le reste est imprévisible.
Qu’est-ce qui vous rend optimiste de la sorte ?
Les jeunes et même les anciens de ce groupe ont montré une capacité à apprendre vite. Voilà ce qui me donne de la confiance. Pour tout vous dire, j’ai été un peu surpris que le groupe soit déjà parvenu à obtenir l’accession. J’avais plus tablé sur la saison à venir. L’aventure a commencé il y a dix-huit mois, c’est très peu, avec un groupe qui était avant-dernier de Pro D2. Sur ce qui a été montré en termes d’apprentissage, il y a du potentiel. Après, il est impossible de savoir ce que va donner le recrutement… Mais j’ai l’impression que ça peut le faire.
Comment recrute-t-on avec si peu de moyens ?
Ce n’est pas simple mais, en même temps, il suffit de s’adapter. Il y avait déjà eu une première salve de recrutement en ciblant des joueurs qui étaient capables d’amener un plus en Pro D2 et ensuite d’exister en Top 14. Je parle là de Mjekevu, Charlet, Mélé, Leiataua… Ensuite, la principale difficulté est venue du fait que la grande force de ce groupe est son état d’esprit. C’est très bateau à entendre mais c’est vrai : il a connu des drames humains qui l’ont construit de manière particulière. Il nous fallait donc de la qualité sportive mais aussi des personnalités qui pouvaient s’intégrer dans cet ensemble. Ce fut plus problématique que les finances. Bon, après, il y a de nombreux joueurs qui n’étaient pas à notre portée. Nonu arrête et nous n’avons pas pu lui faire de proposition… Mais s’il veut venir à notre tarif, il est le bienvenu.
Votre recrutement, et plus largement votre effectif, est à forte connotation de joueurs du Pacifique. Pourquoi ?
J’adore leur fraîcheur, leur approche du rugby. Elle peut, de temps en temps, être moins collective qu’individuelle. Mais ils ont une appétence pour le un contre un qui correspond au rugby moderne. C’est une bataille, il faut faire mal mais, avant tout, ça reste un jeu de cour d’école où il faut courir plus vite et où il faut pisser plus loin que le mec d’à côté. C’est un rapport ludique et l’essence même du sport. Je trouve rafraîchissant d’insérer cet état d’esprit à l’intérieur d’un collectif. C’est pour ça que j’aime autant ces joueurs.
Quel est votre premier regard sur Paddy Jackson, votre nouveau maître à jouer ?
Il est très rouquin (rire). C’est un très bon joueur mais nous n’avons eu que cinq séances d’entraînement, donc… Il est très professionnel, très bon aux entraînements, très enthousiaste, avec une figure très ouverte. On partage tranquillement et pas toujours devant une vidéo mais autour d’un café, quand il enfile ses chaussettes… C’est ce que j’aime. Il n’y a pas d’endroits pour apprendre à se connaître. Ça continuera à bien se passer s’il est performant et s’il ne me trouve pas si nul que ça.
Quelle est votre conception du jeu ?
Il faut être acteur du match. Je préfère avoir la mainmise sur les événements. C’est plus une affaire de caractère qu’autre chose, en fait. Je n’aime pas que l’on prenne des décisions à ma place, à commencer par la vie de tous les jours. Sur le terrain, celui qui décide, neuf fois sur dix, c’est celui qui a le ballon. J’apprécie quand mon équipe fait plus qu’elle ne subit. Mais pour y parvenir, cela implique beaucoup de choses : il faut être fort en conquête, bien en place et suffisamment imaginatif pour créer de l’incertitude. C’est très exigeant.
Où en est l’Usap, près de deux mois après l’euphorie de la remontée ?
Nous revenons tout doucement sur terre après une saison magnifique. Le titre a été bien fêté. À Perpignan, tout est décuplé, les joies comme les déceptions. Mais il faut basculer désormais : de nombreuses difficultés se dressent devant nous. Tout le monde est bien conscient de notre position et du challenge qui se présente. On l’aborde avec humilité et avec la ferme intention de batailler.
Avez-vous eu besoin de parler à vos joueurs pour éviter une démobilisation ?
Nous avons toujours parlé, en même temps, de montée et de maintien. Les joueurs savent que notre but n’est pas encore atteint. Ça ne nous intéressait pas de faire un coup sans lendemain. Ce qui animait le club, l’an passé, c’était de ramener l’Usap en Top 14 mais ça nécessite de la continuité. La tâche qui nous attend désormais sera au moins aussi dure. Tout le monde est satisfait mais il n’y a qu’une marche de gravie.
En quoi la saison passée peut-elle vous servir ?
L’expérience a été merveilleuse, extraordinaire. Ce grand moment participe à la construction de ce groupe qui veut revivre ces instants. C’est comme une drogue. La joie a été au-delà de nos espérances. Beaucoup de joueurs qui ne sont pas du coin ont pris une grande claque émotionnelle. De voir ce groupe réaliser une telle performance aussi rapidement avec cette pression, cette attente autour, ça décuple encore tout.
Comment, en tant que Perpignanais pure souche, avez-vous vécu le désamour des supporters contre le club après la relégation et le retour de flamme ?
Il y a eu un désamour effectivement mais ce n’était pas tant contre l’Usap. Ça voulait dire : « On vous aime mais vous nous faites trop de peine. » Dès que l’espoir est revenu, dès que nous avons de nouveau égayé l’humeur des supporters, ils se sont replongés avec un enthousiasme sans égal. Il faut savoir qu’il n’y a aucun mec dans les tribunes d’Aimé-Giral qui vient pour faire la fête ou voir perdre l’Usap. Tout le monde se déplace pour la voir gagner. Quand il y a un doute, quand l’équipe n’est pas en position de force, les gens se déplacent moins car ça devient très anxiogène. Ils souffrent avec leurs joueurs. C’est différent des supporters basques, par exemple, qui viennent avec l’espoir de voir gagner leur club mais qui sont aussi contents de croiser les voisins et de chanter… Ici, il y a des chants et du bonheur aussi mais que quand ça gagne. Sinon, nous sommes malheureux. La vérité, c’est que lorsque Perpignan a plus de chances de perdre que de l’emporter, les gens restent à la maison. Quand ça ne sourit pas, les supporters sont tellement tristes qu’ils vous le font payer. Si vous leur amenez du bonheur, ils vous donnent sans compter. C’est notre responsabilité de les faire venir au stade avec ce que l’équipe dégage dans l’envie, le caractère, le combat… Le talent passe au second plan ici. Ça vient en plus. Un joueur talentueux qui n’a pas l’état d’esprit ne reste pas longtemps.
Qu’est-ce que le public peut attendre de votre retour en Top 14 où vous n’êtes pas en position de force ?
Nous avons un public intelligent qui connaît le rugby. Vous savez, il n’y a pas que des cons à Perpignan. C’est le même pourcentage qu’ailleurs. Tout le monde est conscient de notre position sur la ligne de départ. Les supporters savent que nous allons lutter avec des équipes ayant cent fois plus de moyens et qui ont l’habitude d’évoluer à ce niveau. Ils attendent que nous ayons la tête levée, que nous ne perdions pas d’avance, que nous bataillions. Partout, dans chaque endroit, à Aimé-Giral et ailleurs. Ils peuvent se reconnaître dans ces valeurs. Quelle que soit la difficulté du championnat, ils ne supporteront pas une mauvaise attitude et nous le feront payer cher. C’est légitime, ils auraient raison.
L’objectif sportif est évident…
(Il coupe) Le maintien. Et quelle que soit la façon dont il est obtenu. En terminant douzièmes ou treizièmes avant de remporter le barrage, peu importe. Nous aurons un jeu avec lequel nous avons envie de nous battre. Le reste est imprévisible.
Qu’est-ce qui vous rend optimiste de la sorte ?
Les jeunes et même les anciens de ce groupe ont montré une capacité à apprendre vite. Voilà ce qui me donne de la confiance. Pour tout vous dire, j’ai été un peu surpris que le groupe soit déjà parvenu à obtenir l’accession. J’avais plus tablé sur la saison à venir. L’aventure a commencé il y a dix-huit mois, c’est très peu, avec un groupe qui était avant-dernier de Pro D2. Sur ce qui a été montré en termes d’apprentissage, il y a du potentiel. Après, il est impossible de savoir ce que va donner le recrutement… Mais j’ai l’impression que ça peut le faire.
Comment recrute-t-on avec si peu de moyens ?
Ce n’est pas simple mais, en même temps, il suffit de s’adapter. Il y avait déjà eu une première salve de recrutement en ciblant des joueurs qui étaient capables d’amener un plus en Pro D2 et ensuite d’exister en Top 14. Je parle là de Mjekevu, Charlet, Mélé, Leiataua… Ensuite, la principale difficulté est venue du fait que la grande force de ce groupe est son état d’esprit. C’est très bateau à entendre mais c’est vrai : il a connu des drames humains qui l’ont construit de manière particulière. Il nous fallait donc de la qualité sportive mais aussi des personnalités qui pouvaient s’intégrer dans cet ensemble. Ce fut plus problématique que les finances. Bon, après, il y a de nombreux joueurs qui n’étaient pas à notre portée. Nonu arrête et nous n’avons pas pu lui faire de proposition… Mais s’il veut venir à notre tarif, il est le bienvenu.
Votre recrutement, et plus largement votre effectif, est à forte connotation de joueurs du Pacifique. Pourquoi ?
J’adore leur fraîcheur, leur approche du rugby. Elle peut, de temps en temps, être moins collective qu’individuelle. Mais ils ont une appétence pour le un contre un qui correspond au rugby moderne. C’est une bataille, il faut faire mal mais, avant tout, ça reste un jeu de cour d’école où il faut courir plus vite et où il faut pisser plus loin que le mec d’à côté. C’est un rapport ludique et l’essence même du sport. Je trouve rafraîchissant d’insérer cet état d’esprit à l’intérieur d’un collectif. C’est pour ça que j’aime autant ces joueurs.
Quel est votre premier regard sur Paddy Jackson, votre nouveau maître à jouer ?
Il est très rouquin (rire). C’est un très bon joueur mais nous n’avons eu que cinq séances d’entraînement, donc… Il est très professionnel, très bon aux entraînements, très enthousiaste, avec une figure très ouverte. On partage tranquillement et pas toujours devant une vidéo mais autour d’un café, quand il enfile ses chaussettes… C’est ce que j’aime. Il n’y a pas d’endroits pour apprendre à se connaître. Ça continuera à bien se passer s’il est performant et s’il ne me trouve pas si nul que ça.
Quelle est votre conception du jeu ?
Il faut être acteur du match. Je préfère avoir la mainmise sur les événements. C’est plus une affaire de caractère qu’autre chose, en fait. Je n’aime pas que l’on prenne des décisions à ma place, à commencer par la vie de tous les jours. Sur le terrain, celui qui décide, neuf fois sur dix, c’est celui qui a le ballon. J’apprécie quand mon équipe fait plus qu’elle ne subit. Mais pour y parvenir, cela implique beaucoup de choses : il faut être fort en conquête, bien en place et suffisamment imaginatif pour créer de l’incertitude. C’est très exigeant.