Agacé par le manque d’engagement de ses hommes à Montauban samedi, Patrick Arlettaz espère que leur 4e défaite de la saison (25-23) leur servira de leçon. "C’est un sport qui demande de l’humilité. Il faut tout le temps se remettre en question", soutient le technicien catalan.
Quel est votre sentiment après cette défaite contre une solide équipe de Montauban ?
On était prévenu ; on n’a pas été déçu... Apparemment, tout le monde n’était pas prévenu parmi nos joueurs… Je trouve qu’on a mis du temps à rentrer dans le match, sans minimiser la performance de Montauban. J’ai trouvé qu’on n’était pas au niveau dans l’engagement. On a le droit de perdre des matches parce qu’on n’est pas très bon, parce qu’on ne fait pas ce qu’il faut dans la stratégie. Par contre, être absent sur des périodes aussi longues dans un match sur l’engagement, subir les contacts comme on les a subis, c’est plus embêtant ; c’est une caractéristique que je n’aime pas trop. On a fait cette erreur en début de match, puis on est passé (19-20, 43e) devant et très vite, on a cru que c’était gagné. Je n’en suis pas sûr parce que je ne suis pas dans la tête des joueurs, mais je serais prêt à parier gros que c’était ça. Et ça a tendance à me fâcher.
"Si on veut grandir, il ne faut pas que ça se reproduise"
Avez-vous perdu à cause de votre entame de première mi-temps ratée (l’USAP était menée 19-3 à la 25e) ?
Il n’y a pas que la première mi-temps. Quand on marque cet essai en début de seconde mi-temps, on se dit: "Ça y est, ça va le faire". Ça va le faire de quoi? Déjà, c’est un manque de respect par rapport à Montauban qui a battu tout le monde à domicile parmi les pseudo-gros (Biarritz, Colomiers, Nevers et Oyonnax ont perdu à Sapiac), sans leur manquer de respect par rapport à leurs qualités. Rapidement, on a reculé sur pas mal d’impacts, ce qui aurait pu, au moins par fierté, nous remuer… Mais quand vous n’y êtes pas, c’est plus dur d’y rentrer à nouveau. Alors j’espère que ça va nous servir de leçon. On n’a pas de marge, ça fait longtemps que je le dis. Ça n’enlève pas tout ce que ce groupe a fait de bien depuis le début de saison. Mais un accident doit rester ponctuel, surtout sur ces bases-là. Ça, il ne faut pas que ça se reproduise. On va prendre un peu de repos et on va revenir, j’espère, avec les bonnes questions et les bonnes réponses aux bons endroits.
Est-ce une piqûre de rappel?
Si on n’avance pas, ce n’est pas parce qu’on perd, c’est parce qu’on ne se pose pas les bonnes questions quand on perd et qu’on ne se les pose pas quand on gagne, aussi. C’est un sport qui demande de l’humilité, il faut tout le temps se remettre en question. Après, les autres aussi font très bien, mais on a perdu 4 matches sur 18… On ne va pas mettre le feu à la baraque. Il n’y a pas de raison de leur (les joueurs) taper dessus de façon trop virulente. Par contre, on est très ambitieux, alors il faut que ça serve, vite. Si on veut grandir, il ne faut pas que ça se reproduise. On n’est pas assez grands pour l’instant. On n’est pas assez grands pour supporter les compliments, pas assez grands pour supporter le fait d’être premiers, pas assez grands pour que tout le monde nous passe de la pommade et pour pouvoir le supporter. Quand on nous passe trop de pommade, on a tendance à se détendre et c’est là qu’arrivent les bêtises. Si jamais, ce que j’espère, on enchaîne encore plusieurs résultats positifs, il faut qu’on se rappelle vite combien on a morflé ici (à Montauban), parce qu’on a morflé. On s’est fait cabosser.
Recueilli par L. M