Rugby à XV - Top 14 : l'USAP reine du "bordel organisé"
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Kélian Galletier a été à la conclusion du quatrième essai catalan, à l'issue d'une action de près de quatre minutes. L'Indépendant - MICHEL CLEMENTZ
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Publié le 05/03/2023 à 19:12
La première mi-temps de l'USAP, samedi après-midi lors de la victoire contre Bayonne (34-27) est pas loin de la perfection offensive. Avec en bouquet final le quatrième essai, marqué par Kélian Galletier, à la conclusion d'une action totalement folle de près de quatre minutes, au cours de laquelle quatorze Catalans ont touché le ballon.
C'est sans doute l'essai de l'année pour l'USAP. Et pourtant, ces dernières semaines, les Catalans ont offert à leurs supporters
plusieurs réalisations sublimes. Pêle-mêle, on retrouve l'essai de Jake McIntyre contre Clermont, au bout d'une action de quasiment 100 m. Même chose pour celui de Piula Faasalele contre le Stade Français.
Mais samedi contre Bayonne (victoire 34-27), c'est un autre genre d'essai magnifique que les Perpignanais ont offert à un stade Aimé-Giral à guichets fermés.
L'action est totalement folle. Elle démarre à la 35e minute et se termine à la 38e. Près de quatre minutes de jeu pur au cours desquelles par trois fois le ballon est revenu dans les mains des Bayonnais, qui ont eux aussi tenté de relancer, avant de renvoyer au pied. Surtout, quatorze joueurs catalans ont touché le ballon sur l'ensemble de la séquence avec beaucoup de beaux mouvements. Mais s'il faut ressortir un joueur de cette action, c'est bien Jerónimo de la Fuente. Le capitaine catalan a été partout, notamment en fin de séquence : un sauvetage d'une touche après un dégagement basque, une course folle au milieu d'une défense à bout de souffle, quatre placages cassés sur le rush final, puis un ballon parfaitement libéré au sol pour Deghmache, qui envoie Galletier à l'essai.
Le numéro de De la Fuente
Le mouvement est magnifique. "Ce ne l'est pas uniquement parce qu'il dure quatre minutes, mais parce qu'il y a de l'envie de jouer de notre part, mais aussi de la part des Bayonnais,
soulignait Patrick Arlettaz, après la rencontre. J'aime ces combats de boxe. Parfois, cela se passe dans les matches, une équipe marque, puis l'autre dans la foulée. Là, c'est sur la même séquence. Bayonne s'est présentée, nous aussi. Il y a eu plein de rebondissements et à la fin on marque. C'est pour ça que c'est beau. Cet essai est superbe, avec un numéro exceptionnel de Jerónimo."
Un essai finalement à l'image d'une USAP. "Il y a du combat, mais aussi du talent, de l'envie, de la cohérence, reprend Patrick Arlettaz. Je ne vais pas ressortir tous les joueurs qui ont brillé sur cette action, mais "Jeró", ce qu'il fait sur cet essai, c'est merveilleux. J'ai joué centre et j'aurais aimé être capable de faire ça."
Savoir alterner ordre et désordre
Cette incroyable séquence est la preuve que l'USAP n'est jamais autant à l'aise, cette saison, que dans le désordre. "C'est vrai, reconnaît Patrick Arlettaz. Mais le rugby, c'est une alternance de tout. On est dans l'ordre pour créer le désordre. Puis quand le désordre va un peu trop loin, il faut recréer de l'ordre. On a l'impression que c'est un désordre, mais finalement, il ne dure que très peu. Jusqu'au premier ruck. Quand c'est le cas, il faut de nouveau mettre en place une situation cohérente. Mais c'est vrai que le désordre nous va assez bien pour générer de l'avancée et nous permettre d'enchaîner. C'est un bordel organisé."
C'est exactement ce qu'il s'est passé samedi, à l'issue d'une première mi-temps qui aura vu l'USAP marquer quatre essais. Si l'équipe ne se réorganise pas très vite quand De la Fuente, à l'issue de son numéro, est finalement plaqué, l'action peut très vite s'arrêter. Dès que le capitaine est mis au sol, Brad Shields a été là pour déblayer. Sadek Deghmache pour libérer la balle vers un Kélian Galletier à l'affût pour prendre l'intervalle et marquer quinze mètres plus loin. Une finition d'école, au bout d'une action épuisante pour tous les joueurs.
"On est fatigué à la fin, mais c'est toujours bien de marquer, souriait humblement l'ancien montpelliérain, ravi d'inscrire là son premier essai sous les couleurs sang et or. C'est une sensation agréable. C'est la preuve qu'on tente. Quand on gagne, c'est forcément un peu plus facile. On tremble un peu moins. Sur cette action, ça a rebondi de tous les côtés. Mais ça nous a souri, donc tant mieux."
Guilhem Richaud