Rugby - Tournée : Un test pour l'histoire
La Nouvelle-Zélande ne semble pas accorder beaucoup d'importance à ce test-match contre la France et les All Blacks alignent une équipe rajeunie. Parfaite mise en condition pour que les Bleus de Thierry Dusautoir réalisent un exploit.
Thierry Dusautoir, vaillant capitaine du XV tricolore en finale de la Coupe du monde 2011 face à la Nouvelle-Zélande, est de retour à Auckland. (L'Equipe)
Ca fait longtemps que l’équipe de France n’a pas eu un tel défi à relever. «C’est la première fois», lâche Philippe Saint-André. Le manager du Quinze de France n’a pas bien révisé ses classiques avant de quitter Marcoussis. La dernière fois que les Tricolores se sont frottés trois fois aux All Blacks, c’était en 1961. Trois défaites à la clé et le capitaine néo-zélandais, l’immense Wilson Whineray, pilier et chef d’entreprise, diplômé d’Oxford et d’Harvard, avait glissé cet aphorisme à son homologue français François Moncla, déçu par ses trois gifles, baume au cœur entré dans la légende sous la plume de Denis Lalanne, témoin de l’échange : « Les grandes équipes ne meurent jamais ».
Vous l'avez compris, Nouvelle-Zélande - France est de ces matches qui ne meurent jamais. Nouvelle-Zélande – France, c’est surtout l’affiche du dernier Mondial, celui de 2011, finale gagnée petitement par les All Blacks, 8-7, à l’Eden Park. Traquenard que les Tricolores aimeraient bien venger par une victoire. Ne serait-ce que pour l’honneur de leur capitaine, Thierry Dusautoir, de nouveau sur le devant de la scène après le forfait de Pascal Papé, son successeur. Dusautoir élu joueur de l’année en 2011 mais mari d’avoir été privé d’un sacré mérité au vu ce de match que les Français dominèrent en seconde période. Si M. Joubert avait visiblement choisi de ne pas siffler les hors-jeu néo-zélandais ce jour-là, laissant Richie McCaw tomber à sa guise dans le camp français, espérons que l’arbitre du match de samedi, M. Wayne Barnes, qui a dormi cette semaine dans l’hôtel des All Blacks, ne cherchera pas à se faire pardonner de son arbitrage jugé calamiteux en quart de finale du Mondial 2007.
Réveiller les îles qui somnolent
Vous l’avez compris, Nouvelle-Zélande – France est de ces matches qui ne meurent jamais. Et sans aller jusqu’à convoquer les souvenirs de Philippe Saint-André, vainqueur ici même d’une série de test-matches en 1994 à la tête des Tricolores, c’est un défi d’envergure qui est proposé à une équipe de France en quête de rachat après un pénible Tournoi. «Vous connaissez l’équipe de France, sourit PSA. On ne sait jamais à quoi s’attendre.» Considérablement rajeunis (cinq jeunes pousses dans le pack noir, à savoir Cane, Retallik, Romano, Coles et Crockett), les All Blacks, comme leur adversaire, préparent l’avenir. «On est en construction pour la Coupe du monde», signale donc le manager tricolore au cas où on ne l’aurait pas bien compris, les débuts de l’ailier Adrien Planté, de l’ouvreur Camille Lopez et le choix du deuxième ligne Sébastien Vahaamahina, témoignant de la volonté du staff bleu d’élargir le champ des possibles.
Du coup, s’il existe une belle occasion pour l’équipe de France de battre les All Blacks, c’est bien ce samedi matin (9h35, heure française). Les deux équipes ne sont pas rodées, les cadres absents ou blessés (McCaw et Carter, côté kiwi), mais l’expérience est chez les Bleus : 251 sélections dans le pack français contre seulement 154 en face. On en oublierait le contexte local très relâché : peu d’affichage, pas d’animation. Ce test passe inaperçu dans les rues d’Auckland baigné dans une fin d’automne plutôt douce. Un succès français devrait pouvoir réveiller les îles qui somnolent.
Richard ESCOT avec M.M.