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2009-2019, l'odyssée de l'USAP - Perry Freswater : "J'en ai encore des frissons" -...

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2009-2019, l'odyssée de l'USAP - Perry Freshwater : "J'en ai encore des frissons"


Mois de mai dernier, stade Aimé-Giral, l’entraînement de l’USAP touche à sa fin. Quelques derniers conseils distillés et Perry Freshwater (45 ans) quitte son costume d’entraîneur pour redevenir le pilier gauche qui terrorisait les droitiers de l’Hexagone, il y a dix ans déjà. Sous la tribune Chevalier, installé sur une chaise trop petite pour lui, "Aigua fresca" s’est replongé dans la conquête du Brennus 2009.

Perry, 2009, ça vous paraît loin ?

On n’avait pas forcément les meilleurs joueurs, mais on avait un bon groupe de casse-couilles avec Le Corvec, Alvarez-Kairelis… Il y avait Bernard Goutta (alors entraîneur des avants), pour qui j’ai beaucoup d’estime. À travers ses discours d’avant match, on sentait tout son amour pour le club, pour le maillot. Il voulait le meilleur pour nous et dès qu’on a gagné, il s’est mis au second plan. Après, les victoires à l’extérieur ont vraiment soudé le groupe. C’est en buvant quelques bières dans le bus après des victoires qu’un groupe se soude. Sinon, l’autre souvenir qui me reste en tête, est qu’on avait joué la finale le samedi à Paris (victoire 22-13 contre Clermont) et quand le lundi, je suis allé chercher le pain à Torreilles, les mecs étaient toujours dans le bar en train de danser, de chimer. Il y avait Viliami Vaki, Gavin Hume, plein de jeunes, Henry (Tuilagi), Dan Carter qui avait piqué le gilet jaune d’un mec qui faisait des travaux (il sourit)…


"Le respect, ici, se gagne par le travail"
Un reflet de la folie qui avait entouré la conquête du Brennus…

J’ai la chance d’avoir vécu trois finales avec Perpignan en Top 14 (2004, 2009, 2010) et le public catalan, c’est vraiment quelque chose. Les supporters étaient incroyables. La moitié du stade de France était en sang et or (pour la finale de 2009 contre Clermont). Le moment où on sort pour l’échauffement, quand les supporters nous accueillent dans le stade… J’en ai encore des frissons.

Justement, avez-vous découvert cette passion exacerbée en arrivant à Perpignan ?

Oui. On croit qu’on connaît un peu quand on voit ça de loin. J’avais joué ici avec Leicester plusieurs fois en matches amicaux, mais quand on met le maillot de l’USAP, c’est vraiment quelque chose de différent. En tant qu’entraîneur, cette année*, on voit qu’ils ne lâchent pas, qu’ils sont déçus, mais d’avoir ce peuple derrière, c’est quelque chose de formidable. On a vu ça l’année dernière en finale de Pro D2 (gagnée à Toulouse contre Grenoble). J’étais content pour moi, pour le staff, mais surtout pour les joueurs, qu’ils aient vécu ça.

Cette ferveur vous a-t-elle transcendé plus particulièrement en 2009 ?

Bien sûr. Dès qu’on sort de ce tunnel-là (il montre le couloir par lequel les joueurs pénètrent sur la pelouse), je n’ai pas de mots… Ça te booste. J’ai vécu des moments difficiles ici. Quand ils estiment qu’on triche ou qu’on ne mouille pas le maillot, ils peuvent être très durs. C’est le côté sanguin du supporter catalan. Mais quand ils sont derrière toi, c’est formidable, tu grandis de deux mètres et tu mets une seconde de moins au cent mètres.

Les joueurs du cru ont tous affirmé que les étrangers de l’époque étaient devenus Catalans. Vous vous êtes approprié cette identité ?

Ouais, j’ai appris beaucoup de choses par Bernard (Goutta). Je suis resté très proche de Renaud Peillard (ancien pilier de l’USAP). Patrick (Arlettaz, avec qui il entraîne l’USAP), Ponpon (Joseph Ponseille, intendant de l’USAP), c’est important d’apprendre de ces mecs pour comprendre. Moi, quand je suis arrivé (en 2003), j’ai remplacé Renaud, j’ai pris son maillot et j’étais conscient de l’estime qu’il avait ici. Je savais le devoir que j’avais : faire honneur à ce maillot. Le respect, ici, se gagne par le travail.

"On avait le meilleur joueur de la planète avec nous"
Quand avez-vous senti que cette saison pouvait être la bonne ?

Je ne pense pas qu’on avait démarré la saison avec l’objectif d’être Champion de France. C’est venu petit à petit, en gagnant des matches très difficiles. Avant ça, on avait fait pas mal de quarts de finale, de demi-finales. Ça forge un peu. C’est vraiment sur la deuxième partie de saison que ça a commencé. On était bien placé, on avait tabassé pas mal de monde avec un jeu dans le pur style catalan avec Greg Le Corvec, David Marty, Jean-Philippe Grandclaude… Et on avait Nicolas Mas, qui était titulaire en équipe de France, moi qui avait joué un peu avec les Anglais, Rimas Alvarez-Kairelis qui jouait pour l’Argentine, il y avait Dan Carter, Gavin Hume, qui était monstrueux cette année-là, David Marty qui avait disputé la Coupe du monde 2007… On avait cette poignée de joueurs d’expérience, et des jeunes comme Pedro (Perez) qui montaient. Au mois de mars ou d’avril, on a senti que ça pouvait le faire.

Vous venez de citer des joueurs de caractère, durs au mal, notamment devant. Aviez-vous le sentiment de faire peur à vos adversaires ?

Oui, on sentait très vite, selon le déroulé du match, si on avait marqué l’adversaire, que ce soit par la mêlée, les ballons portés ou défensivement, quand on sortait très, très vite. Ça aide quand tu as des monstres autour avec Tuilagi (Henry) qui coupait les mecs en deux, Gavin Hume ou Farid Sid, qui était un très bon joueur, important pour nous.

L’arrivée de votre compatriote Dan Carter, même s’il n’a joué que cinq matches, a-t-elle été décisive ?

Même quand Dan n’était pas sur le terrain, il donnait de la confiance à tout le monde. On avait le meilleur joueur de la planète avec nous, il avait 26 ans et il était au maximum de ses possibilités. Ça donnait un vrai supplément d’âme aux supporters et à nous aussi. Je me souviens de son premier match ici. Je n’avais jamais vu autant de supporters dans le stade. C’était gavé de monde. C’était un mec très privé, en fait. Il se met un peu en avant maintenant sur Instagram, mais en réalité, c’est un mec très discret, qui garde ses amis très proches de lui. Il était très pote avec Damien Chouly par exemple. Il n’a fait que cinq matches avec nous mais ce n’est pas un secret de dire qu’il a eu une très bonne influence sur tout le monde, notamment sur les jeunes. Il s’est mis à leur disposition et il était là tous les jours, même blessé, pour leur donner des conseils.

Beckham, Kaka, Ronaldinho et… Carter
Le passage de la légende all-black Dan Carter fut bref (décembre 2008-juin 2009), mais il a fait passer l’USAP dans une autre dimension. Anecdote savoureuse servie par le chef Perry Freshwater. "Dan Carter était chez moi juste après sa blessure (rupture du tendon d’Achille face au Stade Français le 31 janvier 2009, son cinquième et ultime match en sang et or). Il était sur le canapé dégoûté et le téléphone a sonné. Il a répondu, en anglais, et il a dit : 'bon merci, c’est sympa', puis il a dit 'd’accord' et puis il a recommencé à parler anglais, très doucement avec quelqu’un qui ne parlait pas très bien anglais. Il a dit 'merci', et puis il a reparlé en anglais très doucement : 'merci beaucoup' et il a raccroché. Et c’est vrai, sur la tête de mes enfants, il m’a dit : 'c’était David Beckham pour me dire bon courage. Il a filé le téléphone à Kaka dans la salle de muscu qui a dit qu’il était désolé pour moi, et il a filé le téléphone à Ronaldinho qui m’a dit qu’il était déçu pour moi. Il a refilé le téléphone à David Beckham qui m’a souhaité un bon rétablissement'. Je lui ai dit : 'C’est bon, tu peux partir maintenant avec tes amis les stars'" (rires).

Beckham, Kaka et Ronaldinho évoluaient alors en Italie, au Milan AC.
* L’USAP a été reléguée en Pro D2 au mois de mai dernier au terme d’une saison où elle n’a décroché que deux victoires.
 
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