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LA CHRONIQUE D'ELS DE P@RIS : C’EST AU PIED DU MUR QU’ON VOIT LES PATRONS (USAP-USO, 24e journée)

Els de P@ris

USAPiste bavard
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1 Août 2012
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Après des mois de dévissage en règle et de tentatives de redresser la pente, notre USAP se retrouvait le week-end dernier face à sa plus redoutable et dramatique ascension de la saison, puisque ladite ascension pourrait être la dernière dans les grands sommets du rugby français. Autant dire, pour une équipe qui n’a jamais connu que l’ivresse des cimes depuis plus d’un siècle, et qui s’est assise en haut de l’Olympe du rugby français il y a à peine 5 ans, il s’agirait d’une chute presque aussi vertigineuse que celle de Felix Baumgartner.
Trois murs à escalader donc, deux en fait, si on part du principe que gravir le Puy de Dôme par la face Michelin pour le dernier match de Vern Cotter dans le Massif Central s’apparente à l’ascension de l’Everest en short, tongs et bob Ricard… Et de ces deux parois décisives, la première était donc celle qui paraissait la moins haute, mais pas la moins piégeuse. En effet, l’US Oyonnax, sorte d’avatar contemporain du pic berjallien des années 90-2000, arrivait au pied de nos Pyrénées toujours en vie, et ayant fait mentir tous ceux qui assimilaient le promu à un simple muret que chacun pourrait enjamber sans dommage. Ainsi de la dernière victoire des Bugistes, face à des Bordelais qui nous avaient renvoyé à toute la platitude de notre jeu la semaine précédente…
Mais au-delà de cet adversaire forcément coriace, la plus grande montagne que l’USAP devait gravir n’était-elle pas son reflet dans le miroir ? La terrible tension, palpable depuis les tribunes, qui avait saisi les joueurs lors du match face à un BO depuis longtemps dans la crevasse donnait énormément d’inquiétudes pour un match de cet enjeu. L’USAP se croyait en début de saison suffisamment harnachée pour prévenir toute chute et regardait vers les sommets. Oyonnax n’a jamais pensé à autre chose qu’à s’accrocher de toutes ses forces à la cordée. De cette différence pouvait venir une déconvenue aux allures d’hallali pour notre équipe, ce que personne ne voulait imaginer, mais quand même…
Et quand, dans un stade rempli par la mobilisation générale et une belle journée de tous les rugbys, nos joueurs entraient sur la pelouse, nombreux étaient ceux dont les mains tremblaient et espéraient qu’il n’en était pas de même pour celles de leurs protégés…

Une peur particulière saisissait votre serviteur, l’entame de la partie. En effet, alors que nos joueurs ont pris la détestable habitude de mettre au moins 20 minutes à s’équiper convenablement, les Oyonnaxiens se sont fait une spécialité du démarrage en trombe, attaquant la pente d’entrée et laissant sur place leurs adversaires. Une telle configuration vu le vertige qui menaçait nos joueurs paraissait remplie d’un potentiel fatal…
Fort heureusement, nos petits avaient cette fois décidé d’entrer sur le terrain déjà bien harnachés. Si le début de match consistait comme souvent en un lancer de cordes pour agripper la paroi adverse, on pouvait se réjouir de plusieurs choses : d’abord de voir que nos adversaires ne parvenaient pas à nous grimper dessus tout de suite, mais surtout que nos joueurs semblaient décidés à poser les fondations indispensables à tout succès sur ce genre d’ascension : d’abord une conquête propre, contrariant même les lancements adverses, ensuite un jeu sobre mais permettant de mettre les avants d’Oyo sous pression, enfin une agressivité retrouvée, symbolisée comme de bien entendu par un Pedro Perez parfois sanctionné, mais toujours capable d’expliquer avec pédagogie et vigueur à un adversaire qu’on ne doit pas utiliser les voies de son adversaire pour l’empêcher de grimper vers l’en-but.
Et comme par hasard, tout cela permettait à l’USAP de jouer et de mettre à mal la défense adverse, avec des leaders retrouvés en fer de lance, d’un Guilhem visiblement remonté à l’idée de jouer son dernier match à Giral, d’un James Hook inspiré et retrouvé au but, d’un Romain Tao toujours au cœur du combat, d’un David Marty pas toujours excellemment inspiré, mais si important comme guide dans ces étouffantes circonstances. Et la récompense venait presque naturellement, par une combinaison à laquelle le duo Guirado-Grand Tao nous a habitués, cet astucieux une-deux qui permettait à notre capitaine d’aller planter le drapeau sang et or en terre promise. 20 mn, 13-0, on retrouvait de l’air, nos joueurs semblaient avoir retrouvé leur rugby.
Cependant, Oyo n’est pas encore décroché de ce championnat de fous par hasard. Ayant laissé passer l’orage, les protégés de Christophe Urios s’en remettaient à leur arme favorite : le jeu d’avants. Une première cocotte, dont la construction ne pouvait rêveurs les usapistes que nous sommes, emportait notre paquet. Puis c’était au tour de la troisième ligne rouge et noir de planter de grands coups de piolet dans la paroi catalane, afin de nous bloquer dans notre camp et de profiter de la moindre faute, l’artilleur argentin ratant rarement sa cible. Les Bugistes revenaient à portée de tir et mettaient de plus en plus le grappin sur le ballon, au sol et en mêlée.
Malgré tout, la tension était partagée et, malgré l’excellente organisation du paquet de l’Ain et la vitesse d’un Sylver Tian toujours prompt à créer l’avalanche dans notre camp, l’USAP gardait son petit pécule à la pause. Le temps de bivouaquer, de souffler, mais aussi de se remettre en place et surtout de ne pas regarder vers le bas, histoire d’éviter cette fichue peur du vide….

La seconde période débutait par un moment d’émotion, avec la sortie de notre vieux sherpa tongien Kisi Pulu, soldat irréprochable dans l’engagement, par tous les temps, comme ce samedi ou il tint la mêlée avec constance. Mais le jeu, loin de faire dans le sentiment, s’accélérait avec deux équipes qui se rendaient coup pour coup : à un Mjekevu pas toujours bien assuré, mais toujours aussi vif et adroit, et un Hook toujours fidèle à son rôle de guide de haute montagne, malgré un nez cassé, répondaient un Urdapilleta clairvoyant au milieu de la tempête et un Ma’afu expert dans l’ouverture de voies étroites, et il s’en fallait de quelques maladresses pour que le match ne bascule d’un versant à l’autre…
Et si notre maître artilleur nous donnait un nouveau bol d’air, les changements de piliers nous serraient à nouveau la gorge, l’espoir Guillamon, revivifié par l’air des montagnes après s’être perdu dans la plaine toulousaine, commençait à faire souffrir le martyre à Seb Tao, décidément bien en difficulté depuis quelques mois… En conséquence, l’USAP tenait de moins en moins le ballon, et s’exposait de plus en plus à voir Oyonnax revenir sur ses crampons…
Autant dire que personne n’était rassuré, d’autant que notre capitaine venait à quitter le terrain après un match plein et salué comme il se doit par son public, et que suite à une nouvelle faute, notre Zaza national, oubliant son statut de cadre expérimenté, s’en allait bousculer grossièrement Fabien Cibray, laissant ses partenaires à 14 et avec 4 petits points d’avance…
Conquête en souffrance, sortie du capitaine, faillite d’un leader, tout semblait réuni pour que les cordes cèdent et que l’USAP dévisse vers des profondeurs irréversibles. Pourtant, c’est à ce moment, au pied du mur, que nos joueurs trouvaient les ressources pour donner ce dernier coup de collier nécessaire au franchissement du pénible obstacle de l’Ain. Un bel enchaînement provoquait une pénalité, mais notre Capitaine Crochet en rajoutait dans son rôle de mousqueton, passant un drop splendide sans prendre la peine d’attendre le coup de sifflet de l’arbitre. Sur le renvoi, une bonne récupération et un très beau relais de Vaha (un geste de ¾, diront les mauvaises langues…), poussait de nouveau les Bugistes à la faute, et permettait à notre James de continuer son 100%. 6-0 à un de moins, et Oyo relégué loin de nous et hors du bonus, tout cela paraissait inespéré, mais soulignait la force de caractère et la rage de survie de ce groupe.
Il restait cependant quelques mètres à gravir, et nos adversaires montraient encore pourquoi ils sont encore en course pour le maintien. Mais leurs leaders glissaient : Urdapilleta flanchait pour la première fois au moment de convertir un excellent maul, et la relance de Tian était heureusement captée par un Nico Durand toujours précieux en 3e rideau. Et quand Seb Tao donnait un improbable coup de pied en touche, un immense ouf de soulagement traversait les tribunes, trouvant un écho dans le Café Six et chez tous ceux qui aiment ce club.

Au final, si la rencontre n’a jamais atteint des sommets, ce dont on se doutait tant l’essentiel se situait loin des crêtes rugbystiques, on peut quand même être satisfait à plusieurs titres. D’abord par cette victoire, tout simplement vitale, et par le fait d’avoir maintenu le nombre de points d’Oyo au niveau de la mer. Ensuite, par le comportement de l’équipe qui, malgré ses lacunes et son stress évidents, a su rendre une copie cohérente et en nets progrès, tant sur le plan du rugby que sur celui de l’attitude. Le symbole est évidemment cette réaction à 14 contre 15, où l’USAP aurait pu tout perdre et a finalement gagné le match. Enfin, on a retrouvé une USAP guidée par ses cadres, avec un match exemplaire de Guirado, Tao, Pedro, Hook en particulier.
Pourtant, l’USAP n’est pas encore passée du bon côté de la paroi. Il lui reste ce qui est peut-être son plus grand défi de la saison, et son rendez-vous le plus important depuis des années. Ce sera donc à Barcelone, contre un RCT plus redoutable que jamais, même si la victoire des Varois à Bordeaux les installe assez confortablement en haut de la montagne et leur permet de se tourner vers leur sommet européen. Malgré tout, il faudra monter encore d’au moins un niveau pour s’imposer, seule condition pour assurer le maintien du club parmi les sommets du rugby français. Le réchauffement climatique nous rappelle qu’il n’existe pas de neiges éternelles, pas plus qu’il n’existe de sommets inamovibles (la chute du grand FC Lourdes en Fédérale 2 nous le rappelle encore).
Nos joueurs n’ont pas le choix, ils doivent réaliser cet exploit pour qu’une des plus belles lignées du rugby français continue à se construire. Le public catalan saura répondre présent pour escalader avec les joueurs cette colline de Montjuich, où le rouge et noir a jusqu’à présent réussi à l’USAP. Si nous tirons tous sur cette corde si familière à tous les Catalans, alors, nous pourrons enfin nous libérer !
 
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