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Ballons Morts Pour La France(14/18)

gaspacho31

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Quelques articles sur les sports et 14/18 venant du site de la Dépêche du Midi

Ballons morts pour la France

Autres sports - SOUVENIR. 14-18. Des centaines de champions français sous la mitraille, certains sont revenus, d'autres non.

Au pâle soleil de la Marne, un Basque en permission ose l'ébauche d'une croisée. Plus loin, à l'Est, un Ch'ti fatigué rate un penalty sur fond de Voie sacrée. Entre chien et loup, occupant un ring d'herbe et de poussière improvisé sur un plateau de l'Aisne, un gosse blond touche son adversaire au menton. L'horreur n'interdit pas le jeu. Sur tous ces terrains de fortune, des rires, des cris, les éclats insolents d'une vie en sursis. Sous la mitraille de cette pauvre grande guerre aux outrages sans noms, le sport permet à des milliers de poilus de garder une petite fenêtre entrouverte sur des lendemains qui n'existeront peut-être jamais. La parenthèse se referme vite, les champions, célèbres ou anonymes se battent pour l'ouvrir de nouveau. La plupart des disciplines sortiront fortifiées de l'horrible conflit et les compétitions majeures, comme la Coupe de France de football (créée dès 1917 pour honorer Charles Simon, tué au combat en 1915) vont naître dans le fracas du carnage.

D'après le décompte funèbre de Michel Merckel, l'auteur de l'indispensable «14-18, le sport sort des tranchées», 424 champions tricolores ont perdu la vie durant les quatre années de la première guerre mondiale. Parmi eux 121 rugbymen dont 21 internationaux, 89 footballeurs, 77 cyclistes, 52 athlètes, 27 boxeurs et 23 escrimeurs…

Génération massacrée

À Toulouse, chaque jour, en bas du boulevard Lascrosses, près du canal de Brienne, le ballet asphyxié des automobiles se divise autour de la statue d'Héraklès. L'archer du sculpteur montalbanais Bourdelle a été posé là sur l'insistance du docteur Voivenel pour rendre hommage aux rugbymen stadistes morts pour la France, et plus particulièrement à Alfred Maysonnié, premier Toulousain à être passé de la mêlée à l'ouverture (une vieille tradition…), premier à avoir porté le maillot de l'équipe de France dans le Tournoi. «Maysso», frappé entre Ippécourt et Osches, inhumé sous le feu ennemi par son équipier stadiste Pierre Mouniq (autre héros de la finale de 1912 et de la victoire 8-6 de la «Vierge Rouge» sur le Racing Club de France), symbole magnifique d'une génération massacrée.

On n'a jamais retrouvé le corps du vainqueur du Tour de France 1909, François Faber, mortellement blessé le 9 mai 1915 au cœur des collines de l'Artois, quelques heures après avoir reçu une lettre lui annonçant la naissance de sa fille Raymonde. Son pantalon rouge, certifié par son numéro de matricule a été retrouvé il y a peu. Le fameux pantalon rouge garance si apprécié… des tireurs adverses.


Armandie et la Vierge aux abeilles

Les fronts de Champagne et d'Argonne se retrouvent là, à Massiges, sur «La Main», cette hauteur naturelle stratégique. Une vierge blanche édifiée, dit-on, pour avoir protégé les habitants de la région lors d'une épidémie de choléra veille sur le site. À partir de 1914, des milliers de soldats vont, discrètement ou pas, s'en remettre à sa protection. Déplacée dans le cimetière militaire improvisé lors des combats, elle reçoit une balle sous le sein gauche. La «blessure» devient la porte d'entrée d'un abri providentiel choisi par un essaim… La Vierge aux abeilles est née. Armandie (Armandi en fait, mais un «e» est venu s'ajouter à son patronyme) est tombé là le 25 septembre 1915 comme tant de ses camarades du 22e Régiment d'Infanterie Coloniale, sur cette position restée intacte offrant une vue imprenable sur la Meuse et les Ardennes.

Dentiste à Agen où il est né, Alfred Eugène Armandie, est un des pères de l'arrivée du rugby en Lot-et-Garonne. Avec un de ses confrères et la complicité d'un lecteur d'anglais du lycée, il avait fait venir les règles du football rugby naissant, délaissant alors ses activités préférées, l'aviron, la boxe pour inviter les jeunes de la ville à s'initier à ce que qui allait devenir le XV. Leur antre ne porte pas encore le nom de ce sportif passionné, mais celui du «Cirque», au coteau de l'Ermitage.

Aimé Giral le Petit Prince sacrifié
Leur club de «la Barette» devient Sporting Union Agenais en 1906 après fusion avec une mêlée concurrente, celle de l'Union Sportive Agenaise. Le bleu et blanc d'aujourd'hui est alors adopté, non sans mal… À Perpignan comme à Agen, le stade (celui du SUA a été inauguré le 9 octobre 1921) porte toujours le nom d'un martyr de la Grande Guerre, Aimé Giral. Chouchou des Catalans depuis sa transformation en bord de touche aux Ponts Jumeaux contre Tarbes (elle ne valait rien moins qu'un titre de champion de France) ce fils de boulanger au physique de Petit Prince est fauché à l'entrée de sa tranchée, à Somme-Suippe le 22 juillet 1915, à dix-sept jours de son 20e anniversaire… Lida, Couffé, Lacarra, Nauté, Schuller et Fournier ses équipiers du premier Brennus finiront eux aussi leur courte existence au front. L'azur du maillot perpignanais rend encore hommage à l'uniforme des poilus.

Plaquages assassins au Chemin des Dames

Les rubans rouillés offerts par Jean-Pierre Rives se tordent dans le rouge du ciel de l'Aisne découpé par les traces d'un étonnant ballet d'avions. De l'autre côté de la route et des champs, vers la forêt domaniale de Vauclair, des corbeaux nostalgiques s'engueulent sans la moindre pudeur. La nuit va tomber sur le Mémorial des Basques. Ici, entre Hurtebise et Craonne, sur le Plateau de Californie, la 36e DI composé de soldats mobilisés venus des Landes, des Hautes et Basses Pyrénées a subi d'insupportables pertes. Un siècle plus tard, le silence de la campagne semble renvoyer le bruit du malheur. Comme si le repos, jamais, ne serait accepté sur ces terres de feu et de combat.

Cazabon, Servat, Lastegaray…
Le Chemin des Dames, dernier obstacle naturel majeur sur la route de Paris n'en finit plus de faire bégayer et saigner l'Histoire, de lui imposer de nouvelles victimes. En 57 avant Jésus Christ, les légions de Jules César et les forces coalisées de Gaule-Belgique s'affrontent dans une bataille meurtrière. Plus près de nous, le 7 mars 1814, la Grande Armée et ses fameux «Marie-Louise» ont rendez-vous avec les Russes. 10.000 morts dans la journée. La bataille de Craonne, dernière victoire de Napoléon…

Un siècle plus tard, les soldats sur le front sont aussi de vrais sportifs. Parmi les victimes, de nombreux rugbymen. L'Écossais Ronald Simpson, tombé à 24 ans, le Britannique Charles Edward Wilson mais aussi des Tricolores comme les Stadistes Henri Cazabon et Joseph Servat, le Tarbais Jean Lastegaray ou le Bayonnais François Poyedebasque.

L'imposant et étonnant mémorial des Basques (Claude Grange et Mathieu Forest, anciens combattants et mutilés de guerre, ont utilisé la blanche pierre de Suppes, celle de l'Arc de Triomphe et du Sacré-Cœur) veille depuis quelques mois sur celui des rugbymen morts lors de la guerre 14-18 dans le secteur ou plus loin vers l'Est. Une gerbe de fleurs rouges ornée de la fameuse fougère argentée, rappelle l'investissement de la Nouvelle-Zélande et de ses All Blacks lors du conflit.

Aux portes de la nuit tombée, les phares d'un camping-car déchirent la sculpture. Après une curieuse inspection, un couple de retraités… allemands s'installe pour la nuit. Elle sera un peu fraîche mais pacifique. Les fantômes de 14-18 ne tirent plus dans les cauchemars des vétérans aujourd'hui tous disparus.
 
Un peu de foot pour se dégourdir les jambes , de la boxe pour s`endurcir , sans oublier la chasse aux rats histoire de surmonter sa peur !
Fallait bien passer le temps entre 2 combats .

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dernier article sur les sportifs tombés en 14/18 :

Lapize, le tombeur du Tourmalet
Cyclisme

Au bout de la rue Guinegagne encombrée de barrières de chantiers, le cimetière communal de Villiers-sur-Marne attend les visiteurs de la Toussaint. Les croix paressent au soleil d'automne veillées par des tours dépassées et muettes. Trois couples de vieux et un promeneur sans adresse hantent lentement les allées. Le gardien semble surpris d'entendre la porte de son bureau grincer si tôt dans l'après-midi. «Octave Lapize… Le coureur cycliste…» Il se retourne vers le plan, remonte un couloir du doigt et s'arrête net. «C'est là, juste à côté de la fontaine à eau, Lapize, vous le trouverez très facilement». Le type se rassoit, échappée terminée.

Deux roses de faïence, un Christ fatigué, un marbre noir («La société de Villiers 1887-1987» offert pour le 100e anniversaire) et un blanc, plus vieux sans doute. Il repose là le Géant du Tourmalet, le «Frisé» héros du Tour 1910, l'élégant pédaleur du pas encore tristement célèbre vélodrome de la rue Nélaton, Parisien dont les ancêtres venaient, dit-on de Gourdon dans le Lot, et plus sûrement de Mende dans la Lozère.

Le 14 juillet 1917, jour anniversaire de… la mort de sa mère, l'adversaire du magnifique Garrigou (un Lozérien et un Aveyronnais pour baptiser les Pyrénées !), seul à avoir gravi le fameux col sans mettre pied à terre, décolle pour une nouvelle mission. La guerre a transformé son bel Alcyon en Nieuport de combat. Dans sa biographie «Lapize, celui-là était un as», Jean Bobet (si souvent passé, à l'entraînement, avec Louison devant le café de la famille Lapize) rapporte le récit du sergent-aviateur Boillot.

Une balle en plein cœur
«Parti pour chasser un biplan qui faisait du réglage aux environs du bois de Mort-Mare, en Woëvre, il trouvait le Boche à 4500 mètres et engageait immédiatement le combat. Il faisait deux attaques par-derrière et, en piquant, tirait deux cent quatre-vingts cartouches. À la troisième attaque, on le voyait arriver tout près de l'ennemi… À ce moment, le malheureux dut recevoir en plein corps une rafale du mitrailleur boche, car l'on vit immédiatement son appareil se mettre en vrille… puis une aile se détacha et le glorieux «Tatave» vint s'écraser au sol».

L'autopsie révéla cinq balles dans le corps dont une en plein cœur. Tous les journaux français mais aussi le «Daily Mail» et le «New York Herald» ont relaté la disparition de cet «as des as».

À trois coups de pédales de sa dernière demeure, des milliers de voitures filent chaque jour sur l'autoroute de l'Est, vers Toul la première sépulture du champion abattu, le Chemin des Dames, Verdun… Plus au sud, près de Montlhéry, la côte Lapize accueille des cyclos ignorant le destin du triple vainqueur de Paris-Roubaix. Ils n'ont même plus de courroies de cale-pieds à son nom pour s'en souvenir.

 
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