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USAP : Jacques-Louis Potgieter raconte son combat

Drexciya

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USAP : Jacques-Louis Potgieter raconte son combat contre le cancer, "les périodes noires et les beaux moments"
Vendredi 26 août 2022 à 6:00 - Par Cyrille Manière, France Bleu Roussillon
Perpignan
Pour la première fois, Jacques-Louis Potgieter témoigne. Il y a cinq ans, l'ouvreur de l'USAP avait révélé qu'il souffrait d'une tumeur au cerveau et avait dû arrêter le rugby brutalement. Il a remporté son combat et intègre le staff du club qui est devenu "sa deuxième famille".

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USAP : Jacques-Louis Potgieter raconte son combat © Radio France - Cyrille Manière
Jacques-Louis Potgieter témoigne et raconte son histoire de bout en bout, avec les hauts et les bas, les craintes et les espoirs, "les périodes noires", comme il dit, mais aussi "les beaux moments". Cette histoire terrible a commencé brutalement en novembre 2017. À la suite d'un KO sur le terrain, les médecins remarquent que sa récupération ne se passe pas normalement. C'est lors d'un examen complémentaire que la sentence tombe et l'ouvreur sud-africain apprend qu'il souffre d'une tumeur au cerveau : un coup de massue sur lui et sur tout un club.

Commence alors un long combat qui se transforme progressivement en aventure humaine, gardée discrète voire secrète dans la vie du groupe usapiste. Cette leçon de vie fait dire aujourd'hui au manager Patrick Arlettaz, omniprésent lui aussi aux côtés de JLP : 'Il y a des belles histoires sur le terrain mais il y en a aussi dans le vestiaire. Jacques-Louis à l'arrivée c'est une belle histoire."

Le jour où Jacques-Louis Potgieter a révélé publiquement sa maladie, sans préciser à ce moment-là qu'il s'agissait d'une tumeur au cerveau, il avait déjà de manière surprenante annoncé : "Je suis prêt à rester pour nettoyer le vestiaire, je veux rester avec ce groupe, ma famille ici c'est l'USAP".

Il est resté près du groupe et moins de cinq ans plus tard, il intègre le staff avec à sa charge, le jeu au pied de l'équipe en Top 14.

Un long combat contre la maladie
Bob sang-et-or vissé sur la tête, sourire indécrochable, JLP raconte son histoire. Il s'excuse pour son français pourtant irréprochable et évoque tout de suite le moment où il a appris sa maladie : "J'étais complètement choqué, je ne comprenais pas"

"Je suis un bon mec, j'ai une bonne hygiène de vie, je fais des écarts mais pas beaucoup, alors pourquoi moi ?"

Il a pourtant vite fallu enfiler la tenue de combattant : "Grâce à ma carrière, je me sentais fort dans ma tête donc j'ai su rebondir. Si je n'avais pas eu le mental, j'aurais sûrement continué à me lamenter et à me demander, pourquoi moi ? J'ai juste inversé la question et je me suis dit, pourquoi pas ? Les mauvaises choses peuvent arriver à n'importe qui dans la vie et c'était le cas."

C'est durant l'année 2018 que le combat de Jacques-Louis a été féroce. Il subit une première opération en avril pour retirer la tumeur. S'en sont suivis dix jours en soins intensifs à Montpellier : "Pendant cette période, ma femme a fait 3.000 kilomètres. Il y avait mes trois enfants à garder et elle, elle venait à Montpellier sans cesse. Elle jouait le rôle de la mère et du père. Elle m'a apporté un soutien... [il ne trouve pas les mots]. Toute notre famille est en Afrique du sud. En France, il n'y avait que ma femme et moi avec nos trois enfants. On a vécu un mauvais moment mais aussi un bon moment finalement."

"Pendant six mois, je ne pouvais plus parler. Les mots ne sortaient pas de ma bouche."

Après une première opération, Jacques-Louis Potgieter doit retourner à l'hôpital six semaines plus tard pour, cette fois-ci, une opération en urgence : "Il fallait me mettre des valves dans la tête et je me suis encore retrouvé en soins intensifs. C'était dur mais bon, il fallait le faire : je n'allais pas vivre avec une tumeur dans ma tête, je faisais confiance aux médecins, je n'avais pas le choix."

Et puis bien sûr, c'est une vie chamboulée et un avenir qui devient incertain. Malgré un mental d'acier, il a fallu songer au pire : "Un soir avec ma femme, on a dû parler de mon testament. Je ne savais pas ce qui pouvait se passer à ce moment-là, je ne savais pas si j'allais être handicapé, si j'allais pouvoir me lever. C'était une période dingue pour nous, tout se bousculait. C'était une histoire triste, c'était dur. Il y avait mes enfants aussi, ils ne comprenaient pas pourquoi tout ça arrivait à leur père et je ne pouvais pas leur répondre car je ne savais pas non plus."

Et les bonnes nouvelles se sont encore et encore faites attendre. Si l'opération se passe bien, la rééducation est longue : "Je ne pouvais plus parler, les mots ne sortaient plus de ma bouche, c'était terrible. Les médecins me disaient que ça allait revenir. Je n'ai pas pu parler pendant six mois et c'est revenu petit à petit. Je bégayais, les mots sortaient difficilement [il imite la façon dont il parlait]. C'était bizarre, mais il a fallu traverser cette période et le meilleur est arrivé après."

Jacques-Louis Potgieter : "Je ne pouvais plus parler"

La rééducation a tout changé dans sa vie
Il a pu enfin penser et passer à la rééducation à Perpignan. Et là, comme il le confie, c'est à ce moment que la leçon de vie a commencé pour lui, c'est là que sa façon de penser a changé et que sa vie a, quelque part, basculé : "Ça a duré cinq mois et je le dis, ça a été le meilleur moment de ma vie".

"J'ai appris le respect, j'en avais énormément pour les gens qui étaient au centre avec moi. Des gens avaient perdu un bras, une jambe et ils devaient continuer leur vie comme ça."

"Et moi, je n'avais pas ça, moi c'était le cerveau et je pouvais totalement récupérer, ma vie allait pouvoir reprendre comme avant. Ça me donnait aussi de la confiance, je savais enfin que j'allais pouvoir redevenir comme avant."

D'un ton clair et ferme, il affirme : "Ça change tout. Ma manière de voir la vie n'était plus la même, la rééducation m'a changé. C'est le moment où je pouvais enfin reprendre ma vie en main. Un jour, je me regardais dans le miroir, j'avais grossi, j'avais pris 16 kilos, j'étais gros ! Je me suis dit, maintenant tu te bouges !"
 

Drexciya

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Le soutien sans faille et discret du club
Toute cette période, Jacques-Louis Potgieter l'a vécue aux côtés de sa famille, de sa femme Melani, qu'il évoque à chaque fois les yeux remplis d'admiration et d'amour, ses enfants Jean-Luc (11 ans aujourd'hui), Zacari (9 ans) et Aren (6 ans). Mais sa famille s'est agrandie durant ces épreuves : "L'USAP est vraiment devenue ma famille", lâche-t-il immédiatement.

François Rivière, Christian Lanta, le staff, les joueurs ont eu tous à leur niveau un rôle précieux dans le combat de JLP. Le manager Patrick Arlettaz est fier de ce qu'à pu faire le club en coulisses : "On dit souvent que l'USAP est une famille. Le dire, c'est bien, le faire c'est mieux. On n'a rien fait d'extraordinaire si ce n'est d'accompagner quelqu'un de notre famille qui était dans la difficulté. Le club et lui ont fait un bout de chemin ensemble et on se devait aussi de l'aider dans sa réinsertion. Aujourd'hui, il va nous apporter le grand savoir qu'il a toujours eu sur le jeu au pied."

"Quand j'étais à Montpellier, François [Rivière] et sa femme sont venus me voir. Ça a touché mon cœur."

Le club l'a accompagné dès le début. Les médecins de l'USAP l'ont suivi (Carlos Véla et Marc Julia). Jacques-Louis n'était pas tout le temps au club, mais jamais bien loin, comme il le raconte. Et puis, il y a l'apport humain : ces moments précieux qui ont marqué à vie le Sud-africain : "Quand j'étais à Montpellier, François [Rivière] et sa femme sont venus me voir. Ça, c'est déjà un grand truc. Imaginez, c'est un président qui vient voir un joueur qui ne peut plus jouer pour son club. Je savais que le rugby, c'était fini pour moi, mais François est venu me voir. Ça a touché mon cœur. Et, plus tard, en 2019, il a commencé à me demander si je voulais rester en France et on a commencé à parler de mon avenir au club. On a en fait trouvé un accord à ce moment."

L'USAP, les amis, ne lâchent pas Jacques-Louis, et vont encore plus loin, comme l'a fait le capitaine Mathieu Acébès : "Mathieu ? C'est devenu mon frère. Il m'invitait chez lui, quand je n'allais pas bien. Quand il y avait des soirées entre trois-quarts, il me disait 'allez viens avec nous !' Il est comme un frère et un frère proche. J'ai vécu des baisses de moral et des périodes noires. Je me suis déjà posé la question si ça valait le coup de continuer de vivre comme ça. Et, il y avait toujours Mathieu pour me dire 'viens à la maison même si tu ne dis rien, viens'."


Jacques-Louis Potgieter : "Mathieu, c'est un frère"


Le soutien du public
Et puis, pendant toute cette période il y a eu aussi le soutien du public. Les supporters de l'USAP ont toujours gardé une affection particulière pour Jacques-Louis Potgieter, "Pourtant, je n'ai joué que 11 matchs avec l'USAP !", rigole-t-il. C'était en début de saison 2017, quelques mois avant la première remontée. Les prestations du Sud-africain étaient prometteuses, il affichait une forme étincelante avant que tout ne s'arrête brutalement.

"Pourtant je n'ai joué que 11 matchs avec l'USAP !"

JLP a vite conquis le cœur des fans qui l'ont finalement toujours régulièrement croisé dans les allées d'Aimé-Giral en lui glissant sans cesse des mots amicaux et d'encouragement : "Ça m'a toujours touché, il y en a plein qui me disent : 'Hey tu es un vrai Catalan, Jacques-Louis maintenant' !". Il éclate de rire avant de conclure fièrement : "Et oui, je suis d'accord avec ça, je suis un Catalan maintenant !"

Les fans de l'USAP pourront continuer à saluer Jacques-Louis, qui sera présent à tous les matchs cette saison avec la casquette d'entraîneur en charge du jeu au pied. Il ne veut pas dire haut et fort qu'il est totalement guéri, il doit passer régulièrement des IRM. Mais, ce qui est sûr, c'est qu'il veut savourer, profiter et donner tout ce qu'il peut à l'USAP, sa deuxième famille.

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toujours proche de l'USAP, en 2018 Jacques-Louis Potgieter avait célébré la remontée en Top 14 © Maxppp - maxppp
 

coll roig

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Tout d'abord merci pour cette info @Drexyia !

Ensuite , ce témoignage apporte un merveilleux éclairage à la "famille Usapiste" , quoiqu'on en dise parfois ...

USAP MES QUE UN CLUB , ça le fait aussi !
 
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