vannes-USAP. Décisif jeudi (22-23), le jeune ouvreur est un atout précieux pour les sang et or en sortie de banc. Et la frustration laissa place à l’euphorie. D’un énorme coup de pied de 45 mètres, excentré sur la droite, Romuald Seguy venait d’offrir la victoire à l’USAP sur le gong devant des Vannetais hagards (22-23). Tom Ecochard et Enzo Selponi se jetaient les premiers dans les bras de leur jeune coéquipier (21 ans), décisif. Joli symbole que de voir « Selpo » congratuler celui avec qui il partage le poste d’ouvreur depuis la retraite forcée de Jacques-Louis Potgieter, touché par une grave maladie.Basset : « Romuald est un vrai buteur »
Il faut dire que Seguy a enlevé une belle épine du pied à l’USAP, en réussissant ce tir au but décisif, chassant les fantômes de Colomiers (27-25) et Angoulême (30-30), où la victoire s’était envolée dans les arrêts de jeu. Le joueur formé au club (1,78 m, 85 kg) a fait preuve d’un sang-froid étonnant pour son jeune âge, sauf pour ceux qui le connaissent vraiment. « Romuald est un vrai buteur, note Jacques Basset, son entraîneur chez les Espoirs depuis quatre ans. Il a une vraie froideur. S’il avait raté cette pénalité, ça n’aurait pas été parce que c’était celle de la gagne. Il est imperméable à la pression ». Mais le technicien voit au-delà de ce geste décisif. Comme à Angoulême il y a trois semaines, Seguy s’est illustré dans le jeu jeudi soir, performant dans l’animation et le jeu au pied d’occupation. « Ça fait deux fois où, quand il rentre, ça va plus vite. On retrouve le mouvement collectif de l’équipe ».Les fans de l’USAP n’ont pas dû reconnaître le jeune ouvreur, passé totalement à côté de sa première titularisation en pro à Carcassonne il y a un peu plus d’un an (38-20). Un baptême du feu qui était tout sauf un cadeau au sein d’une équipe en perdition à la fin du règne Gelez-Benetton. « À Carcassonne, Romuald avait joué dans une équipe qui n’était pas en place, souligne le directeur sportif Christian Lanta, déjà en poste à l’époque. En plus, il manquait d’expérience, il ne pouvait pas être bon. Je l’avais rassuré : la responsabilité ne lui incombait pas. Là, au sein d’une équipe plus en place, il a fait une entrée très positive. Notamment dans le jeu au pied, qui est son point fort ». Au point que le joueur originaire de Ginestas, dans l’Aude, a longtemps eu tendance à en abuser. « Il n’avait pas un profil attaquant, reprend Basset. Il jouait pratiquement tout au pied. Il a fallu gommer ça ».Toujours des doutes en défenseComme une assurance jugée trop grande par certains au sein du club. « Ce qu’on pouvait prendre pour un excès de confiance, c’est ce qui lui permet dans les moments tendus de passer une pénalité de 45 mètres, assure l’ancien demi de mêlée de l’USAP. Il a une attitude nonchalante qui peut agacer, mais quand il a cette attitude et qu’il bute, ça passe. C’est sa force ».Depuis quelques semaines, Seguy, sous contrat espoir-pro jusqu’à la fin de la saison prochaine, donne l’impression d’avoir passé un cap. « Il met du sien à l’entraînement, il est à l’écoute et est dans une phase de progression », confirme Lanta, appuyé par Basset. « C’est un joueur d’instinct. Dans le rugby d’aujourd’hui, il y a un cadre à respecter et il avait beaucoup de mal avec ça. Ça fait deux apparitions à Angoulême et hier (jeudi) qu’il prend toute l’animation à son compte. Il y a deux ans, il n’arrivait pas à le faire. Il a évolué. Le déclic, pour moi, se situe au milieu de la saison dernière. Il faisait des allers-retours entre pros et espoirs et, à un moment donné, il s’est vraiment affirmé comme le patron des Espoirs. Il a pris les clefs du camion ». D’une équipe qu’il a participé à mener au titre de champion de France. Restent les éternels doutes liés à son gabarit et notamment sa capacité à tenir le choc en défense. « Il a fait de gros efforts, mais il doit encore progresser dans ce secteur, note Basset. Il a aussi beaucoup de travail sur les attaques de ligne sur les animations offensives ». Convainquant lors de ses entrées en jeu, reste à savoir si Romuald Seguy est capable de montrer le même niveau de performance en débutant un match.
Sa saison : 6 entrées en jeu. 131 minutes de temps de jeu. 1 essai. 21 points inscrits au pied (4 pénalités, 3 transformations, 1 drop). 100 % de réussite dans les tirs au but (7/7).