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Rugby à XV : "Je lui serai reconnaissant, à vie, de tout ce qu'il m'a apporté", l'émouvant...

USAP

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Mathieu Acebes est arrivé à l'USAP en 2016, quelques semaines à peine avant le retour de Patrick Arlettaz comme entraîneur. Après sept saisons ensemble, le capitaine rend hommage à son entraîneur, qui mettra un terme...

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cazac

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Rugby à XV : "Je lui serai reconnaissant, à vie, de tout ce qu'il m'a apporté", l'émouvant hommage de Mathieu Acebes, le capitaine de l'USAP à Patrick Arlettaz
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    Mathieu Acebes et Patrick Arlettaz ont une relation très forte. Le premier est devenu le capitaine du second. L'INDEPENDANT - MICHEL CLEMENTZ
Top 14, Rugby à XV, Perpignan, USAP
Publié le 24/05/2023 à 22:54
Gilles NAVARRO
Mathieu Acebes est arrivé à l'USAP en 2016, quelques semaines à peine avant le retour de Patrick Arlettaz comme entraîneur. Après sept saisons ensemble, le capitaine rend hommage à son entraîneur, qui mettra un terme à son engament à la fin de cette saison. Avec émotion et admiration.

Mathieu Acebes, une page de l'histoire de l'USAP va se tourner. Patrick Arlettaz a annoncé qu'il mettrait un terme à son rôle d'entraîneur-manager à la fin de la saison. Vous étiez arrivé au club la même saison. Quels furent vos premiers souvenirs avec lui ?

Je suis arrivé à l'USAP au cours de l'été 2016, quelques semaines avant Patrick. Après cinq journées de Pro D2, François Gelez et Benetton, qui étaient les entraîneurs, ont été virés après un début de saison très difficile (une seule victoire et quatre défaites après la cinquième journée). C'était un signe fort de la part du manager, Christian Lanta, car il avait beaucoup d'affection pour François Gelez. C'est courageux de prendre la décision de virer quelqu'un qui est votre ami.

Lorsque Patrick Arlettaz est nommé entraîneur, vous le connaissiez ?

Non, pas du tout.

Et ça a accroché tout de suite ?

Il n'y avait pas quinze jours qu'il était là, qu'il me convoque... Il m'attrape avant une séance vidéo et remet les pendules à l'heure... Il me parle dans la bouche et me dit : "Ça, tu ne le refais plus. Jamais... Encore un geste comme celui-là et tu ne rejoues plus." "Ça", c'était une chistera à contresens, un geste qu'il n'y avait pas lieu de faire à ce moment précis du match. Un excès de zèle. Et comme j'essaye de me défendre, il insiste : "Non, tu n'as pas compris, ça je n'en veux plus !" Ça m'a secoué.

Vous lui en avez voulu ?

Bien sûr que non. Dans ce monde aseptisé, où tout le monde use du politiquement correct, parce que tout le monde veut bouffer, Patrick est un mec à part. J'ai appris que lorsqu'il a été viré de l'USAP, en 2014, après la descente de l'USAP en Pro D2, il a déchiré son contrat. Il lui restait une saison à faire. Il a laissé l'argent à l'USAP. Il aurait pu faire valoir ses droits, défendre l'année contractuelle qu'il lui restait. Non, il a fait cadeau de cette année au club ! Et là, tu comprends la valeur du mec. Il était engagé humainement dans le projet avec Marc Delpoux et par principe il est resté solidaire du staff qui venait de se faire virer. Il a des principes, il ne les galvaude pas. Et là, tu te dis :"Woawww, respect !" Après, tu écoutes, tu bois ses paroles et tu cherches à lui rendre la confiance qu'il t'accorde.

"Un entraîneur entraînant !"
Quel genre d'entraîneur est-il ?

Patrick respire le rugby. C'est un entraîneur entraînant ! Il réussit à t'emmener là où tu pensais que tu étais incapable d'aller. J'ai eu la chance de passer par d'autres clubs, Biarritz, Bayonne, Auch, Pau. Tous les rapports entraîneur-joueurs sont faussés par des aspects contractuels ou financiers. Lui il ne fonctionne pas comme ça. Il est capable de dire à n'importe qui ce qu'il pense, ce qu'il a sur le coeur. C'est un principe de vie auquel il ne déroge pas.

Il y a un peu du Patrick Arlettaz en Mathieu Acebes ?

Je ne sais pas si je suis comme lui. En tout cas, je suis admiratif de sa personnalité. En plus, quand il commet une erreur, il le reconnaît. Parce que nul n'est parfait et que tout le monde a droit à l'erreur. Je commets des erreurs, il commet des erreurs. J'aime son côté juste. Notre relation est placée sous le signe de l'authencité, de la sincérité. Je me suis reconnu en lui. Et je peux dire qu'il a été, et restera, la rencontre de ma carrière ! Je lui serai reconnaissant, à vie, de tout ce qu'il m'a apporté, notamment dans la compréhension et l'appropriation de ce qu'est l'USAP.

Pour un joueur, c'est un entraîneur facile ?

Rien qu'à son regard, tu sais si ce que tu as fait était bien... ou pas. On sait s'il est fier de nous ou s'il va nous mettre un coup de pied au cul ! Mais il est tellement entier, que s'il me le demandait, je sauterais d'un pont ou train en marche !

Il est du genre à obtenir le maximum de chaque joueur ?

Je me suis mis par terre pour qu'il réussisse, et le club avec lui. Tous, on veut que ça fonctionne, que le projet réussisse, que l'USAP reste en Top 14, que l'équipe tourne au maximum.

Ce qui explique l'engagement des joueurs lorsqu'il a décidé de quitter son poste, début janvier ?

Oui. Je vivais une période difficile. J'avais reçu un carton rouge quelques jours auparavant (le 31 décembre 2022 à La Rochelle). J'ai ramassé fort, et je ne sortais plus de chez moi. Et voilà que le dimanche (le 8 janvier), mon téléphone sonne. Les copains m'apprennent que Patrick veut partir... J'étais absourdi. Très vite, en discutant, on est tombé d'accord sur une chose : Patrick ne pouvait pas partir. Impossible ! Même si l'USAP, à ce moment-là, était lanterne rouge du Top 14, ce n'était pas juste que ce soit Patrick qui paye l'addition. Il ne méritait pas ça. Alors, après en avoir discuté entre nous, on a décidé d'aller voir le président, François Rivière. Nous nous sommes invités au comité directeur pour dire aux dirigeants que nous ne voulions pas que Patrcik parte. Le bâteau USAP tanguait fort au beau milieu de la tempête, mais le travail que nous effectuions à l'entraînement était bon. Malgré les résultats, malgré les critiques. C'était la loi du sport de haut niveau.

Cette période, vous l'avez vécue comment ?

Nous étions affaiblis, certains voulaient nous tuer. Mais nous avons fait corps. Si Patrick quittait l'USAP, nous, les joueurs ne sortirions pas du vestiaire pour le match contre le Stade Français ! Ce fut un moment très fort de la saison.

Qui a porté ses fruits..

Tout est assez précaire dans notre univers. Mais nous nous sommes donné le droit de rêver en battant le Stade Français. Ce que l'équipe a réalisé par la suite fut assez incroyable. Rien que d'en parler avec vous, j'en ai des frissons. On peut dire ce qu'on veut, mais à la fin, tu ne retiens que que ce que l'équipe a réalisé ! Et tout s'est enchaîné. Regardez ce qu'il s'est passé contre le Stade Toulousain, la meilleure équipe d'Europe. On perd quatre joueurs titulaires dans la semaine précédant le match. N'importe quelle autre équipe aurait baissé les bras... Pas l'USAP ! Je crois au destin. Quand tu es juste, et que tu agis avec honnêteté, des choses justes se produisent.

"Patrick est une inspiration pour moi..."
Vous envisagez de devenir entraîneur dans le futur. Est-ce que Patrick Arlettaz a inspiré ce choix ?

Patrick est une inspiration pour moi. Il est parfois dans l'excès, je suis parfois dans l'excès. Mais c'est comme en amour, la vie est comme une montagne russe, parfois tes sentiments sont au plus haut, et parfois au plus bas. Patrick a su garder d'autres centres d'intérêt à côté du rugby, ce qui lui a permis d'entretenir sa passion sans l'altérer. Et je ne demande rien d'autre que d'être passionné. Si je dois entraîner un jour, j'essaierai de m'inspirer de ce que Patrick nous a fait partager. Pour ne pas me faire bouffer par l'environnement pesant, l'argent, la jalousie des gens...

En attendant, il reste un ou deux matches pour offrir à votre entraîneur une sortie heureuse...

L'USAP va se sauver ! Et Patrick partira l'esprit libre. On sait que ce sera difficile. Mais nous nous sommes donnés le droit de nous sauver, de nous battre pour rester en Top 14. Notre groupe est fantastique, l'USAP est fantastique. Moi le Basque, jamais je n'aurais imaginé porter un jour le maillot de l'USAP. Mais je peux vous dire que faire carrière à l'USAP, ce n'est pas comme faire carrière ailleurs. Gamin, je savais que je voulais devenir rugbyman, je regardais jouer Toulouse, Perpignan. J'aimais leur mentalité sans savoir qu'un jour, je porterais le maillot sang et or. Et puis j'ai signé à Perpignan, il y a sept ans, sans savoir que l'USAP et Patrick Arlettaz changeraient ma vie !
 

Antoine66

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Chapeau Mathieu pour tes commentaires, pour tout ce que tu dis sur P.A.
Le club perd un grand coach, un grand bonhomme.

C’est clair ! Les années passent et de retour en Top 14, 2016 nous paraît loin… Mais quand on repense à la situation de l’USAP à ce moment-là, qui sortait d’une saison sans se qualifier en 2015-2016, qui était en fond de Pro D2 après le premier bloc de la saison suivante.
Quel travail colossal réalisé depuis pour redresser l’USAP et la ramener en Top 14, avec parfois des bas (l’enfer de 2018-2019) mais surtout des hauts.
Je suis assez persuadé que, compte tenu des moyens qui ont été les siens, personne n’aurait fait mieux que Patrick Arlettaz, qui a créé des liens très forts avec son groupe.
Allez savoir où en serait l’USAP aujourd’hui s’il n’était pas arrivé en 2016…
Merci Patrick ! Et merci Mathieu pour en parler ainsi !
 
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