Bon eh bien, ce que je redoutais sans vraiment trop y croire a bel et bien eu lieu. L'équipe d'Agen est venue nous donner une leçon d'agressivité, alors même que l'on pensait avoir retrouvé cette vertu-là le week-end dernier. Pour moi, cela est impardonnable. J'avais déjà soulevé ce point critique au lendemain de la débâcle contre Pau où jamais nous avions vu un caractère à la hauteur de l'enjeu, mais voir nos gars se faire chatouiller voire châtier sur tous les rucks, se faire dépasser dans l'envie par les 15 morts-la-faim en face jouant certes le vice mais à quel prix, etc., cela ne passe pas. Vraiment pas. Le comble du spectacle, c'est d'assister pantois à l'arrivée EN MARCHANT de nos joueurs, menés 13-20, sur notre propre pénaltouche trouvée au niveau des 22 adverses. Le tout devant plus de 12.000 personnes (sûrement du jamais vu au regard d'une saison si calamiteuse en tous points) qui n'attendaient que l'étincelle pour y croire et embraser une enceinte presque désacralisée après tant de déconvenues.
Au-delà de ça, tout ce qui avait fonctionné la semaine dernière est tombé à l'eau hier. Très peu de coups de pied de déplacement (et les rares fois où Selponi en a faits, cela s'est avéré payant), des relances plus qu'hasardeuses avec des relents du début de saison, une conquête à la rue... A partir du moment où tu perds pas loin de 80% de tes ballons en touche, que tu te fais bousculer en mêlée, il n'y a plus grand chose à espérer et je crois l'avoir vite intégré. Ce sont précisément ces rampes de lancements qui nous avaient permis d'exister à Montpellier et de récolter plusieurs pénalités précieuses. De même, le pragmatisme entrevu dans l'Hérault s'est (re)transformé — chassez le naturel, il revient au galop — en une bouillie de jeu au large latéral, comme en atteste cette splendide redoublée entre Farnoux et Chateau. Sinon, encore et toujours les mêmes maux : nous inscrivons un essai et repassons devant au score, et hop, renvoi, ballon perdu, 3 points pour l'adversaire. Une véritable constante cette saison.
Je n'ai jamais sous-estimé cette équipe d'Agen, mais je croyais fermement qu'il s'agissait de la seule formation avec laquelle nous étions en mesure de rivaliser. Le constat est implacable. Et dire qu'il leur manquait les 2/3 de leur troisième-ligne titulaire (dont Miquel), Sadie... Bravo à eux, ils ne paient pas de mine sur le papier, se font constamment dépouiller de leurs meilleurs éléments à l'intersaison, mais arrivent malgré tout à bâtir du solide et sont à chaque fois au rendez-vous, avec les armes qui sont les leurs.
Bref, de notre côté, l'espoir n'aura duré que le temps d'une maigre semaine. J'ai pu relever la tête pendant ce court laps de temps, et désormais, ce retour à la réalité me flingue à nouveau le moral. Le peu de crédibilité que nous avions récupéré aux yeux du microcosme rugbystique a été souillé en un rien de temps.
