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2009 - 2019 l'odyssée de l'USAP, Jean-Pierre Pérez, Saint Pedro - Lindependant.fr

Keith

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Si quelqu'un pouvait mettre l'article en ligne.........SVP
 

gaspacho31

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Champion de France à 23 ans, votre carrière a commencé par le dessert…

Tout a été très vite. Avec le recul, on avait de sacrés joueurs. Quand je regarde les compositions d’équipe, je me dis qu’il ne pouvait rien nous arriver. Je suis encore surpris de constater qu’Henry Tuilagi était en tribune. Ça paraît impossible à croire.


Le premier défi était de se faire une place…

La seule image que je voulais renvoyer, c’était montrer ce que je valais. On a eu la chance d’avoir du temps de jeu assez rapidement et d’être bien intégré mais ce n’était pas facile de rentrer là-dedans. Personnellement, j’avais du mal à me juger. D’ailleurs, je me jugeais souvent en dessous, j’estimais que je pouvais toujours faire mieux et plus. Ça a été le fil rouge de ma carrière. Brunel et Goutta ont été les premiers à me lancer. Bernard m’a beaucoup aidé mais, en contrepartie, il fallait que je rende la monnaie de la pièce. Il me disait : "J’ai l’impression de me voir en toi." Mais il a son histoire et j’ai la mienne. Moi, je suis arrivé un peu sur la pointe des pieds.

L’agressivité catalane, marque de fabrique de l’équipe, faisait peur aux adversaires.

Le combat, l’agressivité, c’est ce qui nous a fait exister. À l’USAP, on est éduqué là-dedans dès le plus jeune âge. Ces valeurs sont automatiquement transmises par les anciens. On s’est beaucoup appuyé dessus. Ça a été notre force, même si on avait par ailleurs d’autres qualités. Contre Clermont, le combat a été la clé. En face, il n’y avait que des internationaux, pas chez nous, on a donc compensé par plus d’agressivité. Il fallait trouver le juste milieu entre générosité et engagement afin de ne pas basculer du mauvais côté.

Était-ce palpable dans les attitudes, les regards ?

Il y a des actions qui peuvent durer des heures et, pourtant, on sent qu’il ne peut rien nous arriver. Cette sensation-là est rare, mais elle se provoque. Je me souviens d’une victoire (18-15) à Brive où on avait longtemps ferraillé dans nos 22 mètres. C’est toujours dans la difficulté que se bâtit le caractère d’une équipe. En finale, on avait pris quelques rafales mais on a tenu la baraque et on a réussi à renverser la pression sans paniquer. J’ai l’impression que mentalement on était bien plus fort qu’avant.

Vous en doutiez ?

Je ne l’ai jamais montré ni avoué mais, durant mes premières années, j’étais très stressé avant les matches. J’avais la boule au ventre, c’est ce qui me faisait avancer. Heureusement, Nico (Mas, le capitaine) et David (Marty) nous parlaient beaucoup. Nico a été très important dans la préparation de la finale. On est arrivé avec les genoux qui claquent mais il nous a répété toute la semaine qu’il fallait absolument rester concentré sur notre job. Rester focus, c’était le mot d’ordre, d’autant que le Jour J, l’attente est interminable, tu essayes de dormir, tu te croises quarante fois dans les couloirs de l’hôtel…

  • Nous, tout ce qu’on voulait, c’est nous jeter la tête en avant sur le public et communier avec lui
Une attente à la hauteur du tour d’honneur au Stade de France avec le Bouclier…

On a fait exploser le protocole, on ne savait plus ce qui se passait, tout le monde courait dans tous les sens. On a récupéré le Bouclier dans une nacelle de 10 m2, je me demande comment il n’a pas pété le truc. Nous, tout ce qu’on voulait, c’était nous jeter la tête en avant sur le public et communier avec lui. Je me souviens m’être dit : "Je sors du stade en dernier car je ne suis pas sûr d’y revenir." C’est à notre retour à Perpignan qu’on a commencé à comprendre l’ampleur du truc. Le bus a eu du mal à sortir de l’aéroport, rien n’était préparé, on a dû arracher une partie du toit, tous les joueurs étaient bourrés, bref, le truc impossible, aujourd’hui on finirait en taule ! Il faut dire ce qui est, on vit dans un département qui connaît le chômage, des difficultés… On a donné un peu de bonheur aux gens, je trouve ça chouette.

Dix ans après, les supporters vous disent encore "merci"…

Ça m’étonnera toujours. Mais je pense qu’il n’y a pas de hasard, il y a eu le bon mix au bon moment, avec les bonnes personnes. À l’arrivée, on a pu rendre aux supporters tout ce qu’ils nous ont donné. Il faut se servir de l’histoire. Moi, je me suis servi de 1998 (défaite en finale), à l’époque on ne jurait que par eux, on s’accrochait aux grillages. J’espère que les jeunes d’aujourd’hui s’inspireront de notre histoire. Il ne faut pas vivre avec le passé mais il faut savoir s’en servir.

C’est le Catalan qui parle là ?

Oui, parce qu’on doit beaucoup au public, même si par moments il n’a pas été très cool avec nous. Je dis souvent, pour rire :"Quand ça va bien, ils sont capables de te donner le slip, le pognon, la femme et tout ce qui va avec mais, quand ça ne va pas, ils sont très, très durs !" Mais c’est ce qui nous a fait avancer. Personnellement, ça m’a marqué de voir autant de gens pleurer, surtout ceux de la génération 1955, qui nous ont dit : "J’ai revu le Bouclier, je peux mourir tranquille." C’est la force de ce titre. Il y avait plein de Catalans dans l’équipe mais on a eu besoin des Rimas (Alvarez-Kairelis), des Perry (Freshwater)… Nos étrangers sont devenus plus Catalans que les Catalans, ils sont tous restés vivre ici, ce sont des gars extra. On avait tous de forts caractères, ça pétait facile, mais il y avait beaucoup de respect entre nous. Quand je revois Jacques (Brunel) par exemple, je ne parle pas au sélectionneur des Bleus mais d’homme à homme, parce que le titre nous a liés à vie. On a créé notre propre histoire, je suis fier de l’avoir fait avec toutes ces personnes-là.

Une autre époque…

Tout évolue très vite, l’attachement au club aussi. Ce que je retiens, c’est qu’ils (le staff) ont réussi à tirer le maximum de nous-mêmes, une alchimie très difficile à obtenir. On avait ce petit quelque chose qui fait que. Le rugby a beau évoluer, ça, ça ne changera pas, on a besoin d’affect dans la performance. Malheureusement, je pense que ça se perdra mais celui qui comprendra ça aura tout compris.

Ce message semble vous tenir très à cœur en tant que jeune entraîneur ?

Quand j’avais dix ans, mon rêve était de jouer à l’USAP et de traverser comme un fou la pelouse d’Aimé-Giral. Aujourd’hui, il est très important d’inculquer ces valeurs. Je me souviens du discours de Patrick Arlettaz quand j’ai arrêté : « Pedro, il faut absolument que tu sois avec les jeunes. Je veux que les anciens reviennent au club pour transmettre leur expérience. » Ça m’a bien chauffé, du coup je me suis lancé. Après, on ne veut pas faire les vieux cons mais leur montrer ce que représente l’histoire de l’USAP. Quand ils entrent ici (le vestiaire du club), ils doivent être conscients de tous les efforts et les sacrifices des générations précédentes. On forme des hommes avant tout.
 

jo basile

Passe sa vie sur le forum
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L’agressivité catalane, marque de fabrique de l’équipe, faisait peur aux adversaires.

Le combat, l’agressivité, c’est ce qui nous a fait exister. À l’USAP, on est éduqué là-dedans dès le plus jeune âge. Ces valeurs sont automatiquement transmises par les anciens. On s’est beaucoup appuyé dessus. Ça a été notre force, même si on avait par ailleurs d’autres qualités. Contre Clermont, le combat a été la clé. En face, il n’y avait que des internationaux, pas chez nous, on a donc compensé par plus d’agressivité. Il fallait trouver le juste milieu entre générosité et engagement afin de ne pas basculer du mauvais côté.

C'est autre chose que de jouer à la baballe comme demandé par Arlettaz.
 
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