Mathieu Acebes est arrivé à l’USAP en 2016, quelques semaines avant le retour de Patrick Arlettaz comme entraîneur. Après sept saisons ensemble, le capitaine rend hommage à son entraîneur, qui mettra un terme à son engagement à la fin de cette saison. Avec émotion et admiration, Mathieu Acebes s’apprête à tourner une page de l’histoire de l’USAP.

Patrick Arlettaz a annoncé qu’il mettrait un terme à son rôle d’entraîneur-manager à la fin de la saison. Arrivé au club la même saison que Mathieu Acebes, quelles furent les premières impressions du joueur sur son coach ? « Je suis arrivé à l’USAP au cours de l’été 2016, quelques semaines avant Patrick. Après cinq journées de Pro D2, François Gelez et Benetton, qui étaient les entraîneurs, ont été virés après un début de saison très difficile (une seule victoire et quatre défaites après la cinquième journée). C’était un signe fort de la part du manager, Christian Lanta, car il avait beaucoup d’affection pour François Gelez. C’est courageux de prendre la décision de virer quelqu’un qui est votre ami. Lorsque Patrick Arlettaz est nommé entraîneur, vous le connaissiez ? Non, pas du tout. Et ça a accroché tout de suite ? »

Très vite, la relation entre Mathieu Acebes et Patrick Arlettaz s’est affirmée. « Il n’y avait pas quinze jours qu’il était là, qu’il me convoque… Il m’attrape avant une séance vidéo et remet les pendules à l’heure… Il me parle dans la bouche et me dit : ‘Ça, tu ne le refais plus. Jamais… Encore un geste comme celui-là et tu ne rejoues plus.’ ‘Ça’, c’était une chistera à contresens, un geste qu’il n’y avait pas lieu de faire à ce moment précis du match. Un excès de zèle. Et comme j’essaye de me défendre, il insiste : ‘Non, tu n’as pas compris, ça je n’en veux plus !’ Ça m’a secoué. »

Mais cette rigueur a également été source d’admiration pour Mathieu Acebes. « Dans ce monde aseptisé, où tout le monde use du politiquement correct, parce que tout le monde veut bouffer, Patrick est un mec à part. J’ai appris que lorsqu’il a été viré de l’USAP, en 2014, après la descente de l’USAP en Pro D2, il a déchiré son contrat. Il lui restait une saison à faire. Il a laissé l’argent à l’USAP. Il aurait pu faire valoir ses droits, défendre l’année contractuelle qu’il lui restait. Non, il a fait cadeau de cette année au club ! Et là, tu comprends la valeur du mec. Il était engagé humainement dans le projet avec Marc Delpoux et par principe il est resté solidaire du staff qui venait de se faire virer. Il a des principes, il ne les galvaude pas. Et là, tu te dis : ‘Woawww, respect !' »

Patrick Arlettaz est un entraîneur « entraînant », qui sait pousser ses joueurs au-delà de leurs limites. « Patrick respire le rugby. C’est un entraîneur entraînant ! Il réussit à t’emmener là où tu pensais que tu étais incapable d’aller. J’ai eu la chance de passer par d’autres clubs, Biarritz, Bayonne, Auch, Pau. Tous les rapports entraîneur-joueurs sont faussés par des aspects contractuels ou financiers. Lui il ne fonctionne pas comme ça. Il est capable de dire à n’importe qui ce qu’il pense, ce qu’il a sur le coeur. C’est un principe de vie auquel il ne déroge pas. »

Et cette authenticité a su toucher Mathieu Acebes. « Notre relation est placée sous le signe de l’authenticité, de la sincérité. Je me suis reconnu en lui. Et je peux dire qu’il a été, et restera, la rencontre de ma carrière ! Je lui serai reconnaissant, à vie, de tout ce qu’il m’a apporté, notamment dans la compréhension et l’appropriation de ce qu’est l’USAP. »

L’annonce du départ de Patrick Arlettaz a été difficile pour les joueurs de l’USAP, mais cela a également galvanisé l’équipe. « Nous nous sommes donné le droit de rêver en battant le Stade Français. Ce que l’équipe a réalisé par la suite fut assez incroyable. Rien que d’en parler avec vous, j’en ai des frissons. On peut dire ce qu’on veut, mais à la fin, tu ne retiens que ce que l’équipe a réalisé ! Et tout s’est enchaîné. Regardez ce qu’il s’est passé contre le Stade Toulousain, la meilleure équipe d’Europe. On perd quatre joueurs titulaires dans la semaine précédant le match. N’importe quelle autre équipe aurait baissé les bras… Pas l’USAP ! »

Patrick Arlettaz a su inspirer Mathieu Acebes dans son projet de devenir entraîneur à son tour. « Si je dois entraîner un jour, j’essaierai de m’inspirer de ce que Patrick nous a fait partager. Pour ne pas me faire bouffer par l’environnement pesant, l’argent, la jalousie des gens… En attendant, il reste un ou deux matches pour offrir à votre entraîneur une sortie heureuse… L’USAP va se sauver ! Et Patrick partira l’esprit libre. »

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