Agen vit un calvaire depuis le début de la saison : 15 matches, 15 défaites ! Le cancre du Top 14, qui se rend samedi 30 janvier à Bayonne, est sur le point de battre le record historique de l’USAP qui avait aligné, lors de la saison 2018-2019,15 défaites de rang avant de faire un coup d’éclat à Montpellier.
Dans les travées d’Aimé-Giral, les joueurs balaient de la main la question sur la saison cauchemardesque 2018-2019. Les Lam, Labouteley, Walcker, Eru, Chateau, Bachelier, Brazo, Lemalu, Faleafa, Deghmache, Brazo, Ecochard et autres Pujol, Lucas, Farnoux ou Acebes, sont passés à autre chose. Seul l’enchaînement de victoires et se retrouver en course pour briguer une place en Top 14, ne pouvait les aider à évacuer « un vrai traumatisme ». À la différence d’Agen, l’USAP n’avait pas vécu cette période sombre comme une crise. À tel point même que le staff (Arlettaz - Freshwater) avait été reconduit en cours de saison, le 26 novembre 2018. Sans doute un fait unique dans l’histoire du sport que de voir les entraîneurs non seulement maintenus en place malgré l’absence de victoires (10 défaites) mais ils avaient été prolongés de trois années supplémentaires alors que l’équipe prenait le chemin de la Pro-D2, un an après l’avoir quitté.
Lanta : « Agen et l’USAP, c’est deux contextes différents »
Christian Lanta, le manager général de l’USAP, connaît bien Agen. Il y a œuvré de 1998 à 2006 puis de 2008 à 2012. Désormais et depuis 2016, il a les clés du camion USAP. Pour lui, il n’y a pas de comparaison possible.
"C’est deux contextes différents. Ils sont même aux antipodes", affirme-t-il. "D’un côté, c’est une fin de cycle pour Agen où l’on sent que rien n’est maîtrisé avec un président (Jean-François Fonteneau) qui s’échappe et pense notamment à se présenter à la présidence de la Ligue alors que son club traverse une grave crise. Je vois bien Agen battre le record de l’USAP samedi à Bayonne. La confiance n’est plus là, l’équipe s’est délitée, elle est en train d’exploser...". Lanta ne s’étendra pas plus sur la situation agenaise. " Je tiens trop à ce club pour être indifférent mais il faut être au milieu du gué pour apprécier une telle situation et je ne suis pas au milieu du gué ", confiait-il à notre confrère de La Dépêche dans son édition du 27 janvier 2021.
« À Toulouse, lors de la dernière journée, les gens ont scandé USAP »
En revanche, sur l’USAP, Christian Lanta est plus bavard. « Après le séisme de 2014 (NDLR : descente en Pro D2, l’année du centenaire du club), cela faisait 4 ans que l’équipe végétait. On a refait le staff (NDLR : Arlettaz et Freeshwater prennent le pouvoir du terrain), rebâti avec des plus jeunes autour de Mafi. En 2018, on voulait se qualifier, mais n’avait jamais parlé de monter. Elle s’est présentée, ça ne se refuse pas. Mais on n’était pas prêt, sportivement trop tendre avec des infrastructures plus adaptées. On a fait un recrutement au dernier moment, pas très heureux. Mais l’équipe a relevé le défi. On démarre la saison, on enchaîne les défaites. À part quatre fessées, on s’accroche. Et ça, nos supporters, nos partenaires, l’ont compris. L’équipe montrait beaucoup de courage, d’envie mais elle n’avait pas les moyens de lutter. Les joueurs donnaient leur maximum. Même si les résultats ne suivaient pas, on a reconduit des joueurs qui étaient en fin de contrat. On a même passé un pack: « On va vivre la saison quoi qu’il arrive et après on reste ensemble ».Quelque part, ça voulait dire: « On a appris en Top14, on va revenir faire nos classes en Pro D2 et on reviendra pour remonter plus forts». Autour du staff, il y avait aussi une adhésion totale ».
Et puis il y a eu deux moments forts dans une saison galère: la victoire à Montpellier (28 à 10 le 16 février 2019) et le match à Toulouse lors de la dernière journée de championnat. Lanta se rappelle : « À la fin du match le public toulousain a longuement scandé « USAP, USAP ». J’ai joué sur ça et j’ai dit aux joueurs: « On descend, on n’avait pas le niveau mais on a gagné le respect de nos adversaires. ».
Et l’USAP est revenue encore plus forte cette saison. Les victoires se construisent aussi dans les défaites. Même si à l’époque, la série était longue. Agen est visiblement disposé cette saison à effacer le triste record de l’USAP d'une mémorable saison 2018-2019.
Eric Dubuis