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Rugby à XV : démêlés en mêlée - Lindependant.fr

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«Mineures». Voilà comment le World Rugby (ex-IRB) qualifie les 8 modifications apportées aux règles du jeu. Pierre angulaire du rugby à la française, la mêlée est dans le viseur de l’organe suprême. Lieu de tous les fantasmes, mais aussi bouc émissaire de la lenteur du jeu, la mêlée symbolise parfaitement la mutation du... Lire la suite

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Rugby à XV : démêlés en mêlée

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Voilà comment le World Rugby (ex-IRB) qualifie les 8 modifications apportées aux règles du jeu. Pierre angulaire du rugby à la française, la mêlée est dans le viseur de l’organe suprême. Lieu de tous les fantasmes, mais aussi bouc émissaire de la lenteur du jeu, la mêlée symbolise parfaitement la mutation du rugby. Décriée par les médias, phobie des commentateurs télés, pas une année ou presque ne se passe sans qu’une règle ne vienne la refondre. 2007, 2012, 2013: les commandements n’ont cessé d’évoluer. Complexe par essence, le rugby s’amuse à brouiller les pistes. Dans un sport qui semble malléable à souhait, les “petits gros” sont-ils poussés vers la sortie? Pas assez sexy, pas assez télévisuels, pas assez All Blacks. Alors, cette nouvelle réforme: séduction médiatique ou apologie du beau jeu? Les acteurs la commentent. </strong></p>

. Mêlée écroulée

LE grand mal. La tare du rugby à XV pour certains. La multiplication des mêlées écroulées ou à refaire écœure. Dorénavant, l'attaque bénéficiera d'un avantage qu'elle pourra jouer.<em> "C'est simplement une officialisation</em>, prévient Philippe Benetton, entraîneur des avants de l'USAP.<em> L'an dernier c'était une consigne"</em>. Mais pas de règle sans son revers. <em>"Peut-être qu'une mêlée un peu faible fera exprès de s'écrouler"</em>, suggère Enzo Forletta. Et si la conquête ne devient qu'un générique lorsqu'il s'agit de mêlée, ne tend-on pas vers le XIII ? <em>"C'est le seul sport où il y a un affrontement de force collectif aussi rapproché : on ne peut pas enlever ça</em>, milite le pilier catalan. <em>Moi aussi je suis amateur de beau jeu. Mais tout le monde n'a pas des trois-quarts comme les Néo-Zélandais"</em>. En conséquence, le morphotype du pilier va-t-il muter ?<em> "S'il y a plus de temps de jeu, il faudra que les joueurs soient mieux préparés physiquement</em>, acquiesce François Gelez, coach des trois-quarts de l'USAP. <em>C'est sûr, on aura besoin de piliers un tout petit peu plus explosifs"</em>.</p><p id="idPosition1" class="advert"><script>OAS_AD('Position1');</script></p> <script>cachePubVide('idPosition1');</script><div id='pub_dfp_pave_article' class='pub'></div>

30 secondes
Ce sera le temps imparti pour que la mêlée se mette en place. <em>"En moins de 30 secondes, si les joueurs sont aux quatre coins du terrain…"</em>, grimace François Gelez, coach des trois-quarts de l'USAP.<em> "C'est important d'avoir une bonne position</em>, tempère Enzo Forletta. <em>La priorité c'est la sécurité. Mais si ça doit aller un peu plus vite pour la télé, pas de souci"</em>. Philippe Benetton est plus enthousiaste : <em>"Au début ce sera exagéré, puis ça se régulera. Le but est là : encore plus de spectacle, un jeu plus télévisuel"</em>.</p>

90°
Une grande source de frustration s'évanouit. Désormais, lorsqu'une mêlée tournera, l'introduction sera rendue à l'équipe attaquante, quelle que soit la position du ballon. <em>"C'était incompréhensible</em>, lâche François Gelez. <em>Avec un soupçon de triche, on récompense l'équipe et elle récupère le ballon"</em>. L'arnaque était trop belle, le World Rugby l'a abolie.<em> "Je n'ai jamais appris à faire tourner les mêlées</em>, plaide Enzo Forletta. <em>Ce n'est pas plus mal"</em>. La place du vice s'amenuise.</p>

Demi de mêlée

Révolu, le règne des Agustìn Pichot de la mêlée ? Les pénibles n'ont plus voix au chapitre : désormais, il leur sera interdit de dépasser le troisième ligne aile adverse. <em>"J'aurais aimé carrément interdire qu'il dépasse le couloir"</em>, flagelle François Gelez, ancien ouvreur. <em>"C'est pas mon point fort !</em>, sourit Tom Ecochard, demi de mêlée de l'USAP. <em>Je ne suis pas un grand 'chacailleur' de mêlées. D'habitude, c'est le jeu du chat et de la souris"</em>. Encore une fois, le but recherché est de favoriser un jeu limpide. Au détriment du vice, de la grinta. Et de Carol Raynaud… <em>"Je suis un peu partagé</em>, confie le demi de mêlée de l'US Carcassonne.<em> C'était intéressant en défense de pouvoir pourrir la sortie. Le neuf ne servira à rien. Je suis réticent, mais on s'adaptera".</em> En couvrant d'autres zones en défense, près du 10 ou du petit côté. <em>"Le but, c'est que les mêlées se jouent plus</em>, suggère Ecochard, conquis. <em>Déjà qu'il n'y en a pas beaucoup à être jouées, si en plus le neuf les embrouille…"</em></p>

3 à 5 secondes
Après les rucks, au tour des mêlées d'être chronométrées. Le ballon est dans les pieds du 8, la mêlée n'avance plus depuis 3 à 5 secondes ? Il faut jouer. Immédiatement.<em> "La question se pose pour les essais de pénalité</em>, cible Philippe Benetton.<em> Notamment à 5 mètres de l'en-but, en position d'attaque, si le ballon reste dans les pieds de la seconde ligne."</em> Encore une règle aux interprétations variables.<em> "Quelle que soit la règle, on arrive à la contourner</em>, prédit Enzo Forletta.<em> Il y a d'autres sports où c'est comme ça ? Ça ne sert à rien de changer les règles chaque année".</em></p>

La mêlée se réforme : les cinq points>

Appliquées depuis le 1er janvier dans l’hémisphère sud, ces règles entreront en vigueur le 1er juillet 2016 dans l’hémisphère nord. À celles-ci, il faut adjoindre la mise en cause des simulations, le fait qu’un remplacement sur blessure suite à un jeu déloyal ne sera plus comptabilisé et l’obligation de transférer le ballon à la main vers l’arrière dans un maul (et non plus le joueur lui-même).</p>

1. Un avantage pourra être joué suite à une mêlée effondrée si cela ne provoque pas de risque pour la sécurité des joueurs.</p>

2. Les équipes doivent être en mesure de former une mêlée ordonnée dans les 30 secondes qui suivent la décision de l’arbitre, sinon l’arbitre arrêtera le chronomètre.</p>

3. Lorsqu’une mêlée doit être refaite après qu’elle ait pivoté de 90˚, le ballon sera introduit par l’équipe qui introduisait le ballon lors de la première tentative même si elle n’était pas en possession du ballon lorsque l’arbitre a stoppé la mêlée pour la faire refaire.</p>

4. Le demi de mêlée de l’équipe qui n’est pas en possession du ballon lors d’une mêlée ne doit pas aller dans la zone située entre le troisième ligne aile et le numéro huit.</p>

5. Lorsque la balle est dans les pieds du numéro 8 lors d’une mêlée qui ne progresse plus pendant 3/5 secondes, l’arbitre demandera de “jouer” le ballon. L’équipe en possession du ballon devra le jouer immédiatement. </p>
La chasse aux simulations

Peu de sports s’enorgueillissent autant que le rugby des valeurs qu’ils véhiculent. Mais c’est peu dire que le professionnalisme les a mises à mal. Lancinante, la rumeur de leur corruption fait tache. Le World Rugby s’est donc décidé à légiférer. Le texte : <em>«Un joueur qui plonge en feignant le jeu déloyal d’un adversaire ou simule une blessure dans le but d’influencer les officiels de match devra être sanctionné»</em>. Du bon sens, selon Joël Jutge : <em>«On constate des comportements déviants en augmentation, assume l’ancien arbitre international. Il faut absolument les bannir, c’est plus du théâtre que du rugby. Les fameuses valeurs du rugby sont de plus en plus malmenées»</em>. En bref, la simulation n’est plus l’apanage du football. Et quelques réputations à la Ginola ou Valbuena se dessinent. <em>«Je suis ravi, il y a des scandales éhontés</em>, savoure François Gelez.<em> L’esprit rugby ne va pas avec la simulation et la triche. Le World Rugby tire la sonnette d’alarme, mais les filous restent des filous» La fin justifiant les moyens, vice et comédie se sont introduits dans le rugby. <em>«Ça, c’est un truc que je ne supporte pas</em>, souffle Enzo Forletta.<em> Il y en a très peu, mais ça arrive de temps en temps. C’est bien de les stopper de suite»</em>. Son coéquipier Tom Ecochard est plus nuancé. Lorsqu’il s’agit d’influencer un arbitre, la frontière est floue entre vice et intelligence : <em>«Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de réelles simulations, tempère le demi de mêlée. Sur un placage haut ou dangereux, on le fait tous de rester 15 secondes au sol. On amplifie pour que l’arbitre passe de la pénalité au carton. C’est la seule simulation qui me vient à l’esprit. L’arbitre devra être plus attentif, il sera à l’affût des mauvais acteurs…»</em> Et la conséquence de cette mesure pourrait être de nouveaux arrêts du jeu… <em>«Il faudra voir les consignes données aux arbitres</em>, temporise Jutge. <em>On passera sûrement par des appels vidéos supplémentaires. Peut-être»</em>. Le revers de la médaille. Et le prix à payer pour freiner la gangrène ?
 
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