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Munster / USAP : dans les entrailles du supportérisme rugby...

Hcupisant

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… avec un « léger » goût amer dans la bouche quand même (qui n’est pas dû à la triple distillation du whisky Jameson, en plus je préfère le Bushmills, voire le Old Pulteney).

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1ère partie

« Je ne veux pas être le produit de mon environnement. Je veux que l’environnement soit mon produit à moi. »

Il est 18 heures ce mardi soir à Montpellier. A la lecture des comptes rendus (mot mal choisi !) de l’ERC en version française (on parle de l’arbitrage) et en version anglaise (on n’en parle pas), il me revient en tête cette phrase introductive de Frank Costello / Jack Nicholson dans le film les Infiltrés / The Departed, et le rock celtique des Dropkick Murphys, I’m Shipping up to Boston. On peut reformuler : Munster are flying up to Cardiff, without any risk on their way.

La Heineken Cup, c’est bien le produit de l’ERC. Qui n’a pas un jour rêvé, comme Frank Costello, de débarquer dans l’épicerie / bar du coin, de foutre la tête d’une ou deux terreurs de quartier dans leur bol de cornflakes, de peloter les seins de la serveuse à peine majeure, de plonger la main dans la caisse pour en ressortir la recette du jour, et de finir en faisant la morale au petit jeune qui bave devant tant d’héroïsme, sans aucun flic autour pour le contrarier : « tu vois Colin, dans ce monde, on ne te donne rien. C’est à toi de prendre. »

Seuls quelques privilégiés peuvent se conduire de la sorte. Au cinéma, il y a Frank Costello. Et dans la vie réelle, il y a Paul O’Connell.


Samedi 7 décembre

Barcelona El Prat, début d’après-midi. Je n’ai jamais décollé d’un aéroport aussi gros pour aller voir mon USAP en déplacement européen ! C’est un signe ? ça n’en est pas un ? Ferme ta bouche et continue d’écrire ?

Barcelona / Dublin : ça c’est de la ligne aérienne festive. Encore faut-il pouvoir décoller. Alors que je suis séparé du reste des supporters par le passport control, impossible de revenir en arrière, le cadran des horaires bouge légèrement et attire mon regard. « New take-off time : 16h58. » Au lieu de 15h45. Que des Ecossais rencontrent un sale temps en hiver, ok. Que des contrôleurs aériens Anglais se mettent en grève, c’est déjà plus curieux. Et que cela ait des répercussions sur l’aéroport Irlandais de Dublin, là le mystère s’épaissit clairement.

Il ne sera jamais levé car l’embarquement se fait quasiment à l’heure prévue… Pour se retrouver, une fois dans l’appareil, avec une annonce du capitaine. « Disculpe para el retraso. Una hora. » Décollage dans une heure. Commercialement, c’est imparable, le chiffre d’affaires de la vente ambulante, va, lui, décoller immédiatement.

« What sorts of beers do you have ? »

“Only Heineken.”

Ben tiens. C’est Estrella Damm qui doit bien faire la gueule avec Ryanair.


L’aéroport de Dublin est rempli de sapins de Noël. Le réceptionniste du Phenix Park Hotel, n’a, lui, manifestement pas décuvé de son vendredi soir, il faudra près de 20 minutes pour répartir comme il faut la troupe dans les chambres. Ce n’est pas très grave, la veillée d’armes peut enfin débuter.

Depuis quelques années, le phénomène des Christmas Parties a pris de l’ampleur en Grande-Bretagne et en Irlande. A Temple Bar, qui n’a pas pris une ride, c’est l’épicentre. On connaissait les bonnets de Noël. Mais des guirlandes éclairées sur tout le corps, là c’est plus nouveau. Et très pratique. Le visage des filles brille tellement que le fonds de teint orange qui fait un tabac à Swansea ou à Newcastle (les 2 villes ne sont pas choisies au hasard) perd ici toute son utilité.

Et puis, la ligne aérienne avec Barcelona a donné des idées à certains : garçons et filles-sandwichs avec des pancartes « lapdance, poker. » Dublin devient vicieuse ? ça attire à mort en tout cas. Des Ecossais, des filles de Liverpool (c’est la première et sans doute la dernière fois de ma vie que j’ai l’occasion de croiser une scouser qui ne connaît pas Steven Gerrard), de Bristol, la planète entière de l’Anglophonie se donne rendez-vous à Temple Bar.

En revanche, il faut en avoir tombé, des pintes, pour parvenir à croiser des supporters du Leinster, d’ailleurs davantage occupés à galocher des américaines qu’à parler du match. « Did you win ? » « Yes. Four tries. » Complètement blasés. Une des deux américaines, reprenant son souffle, nous déconseille d’aller à Limerick, « unsecure place ». Une américaine qui parle d’insécurité à propos d’une ville d’Europe de l’Ouest, ça provoque toujours un franc éclat de rire. Bon sang cette odeur de parfum est obsédante. C’est toi l’américaine ? Non, ce n’est pas elle et elle est repartie galocher son irlandais. Mais qu’est-ce donc que ce parfum !

2 heures, LE moment de solitude : je suis aux toilettes, ma vessie a des limites. Je n’ai rien remarqué de spécial en entrant, si ce n’est cette odeur de parfum qui m’a déjà ruiné mon dram de Glenmorangie. Je suis seul. Pourtant, je ne suis pas tranquille. Je me tourne à droite. Rien. Je me tourne lentement à gauche... Un homme m’observe. En souriant. Soudain je comprends (j’explique dans 2mn) et je suis pris d’un incontrôlable éclat de rire, il m’est extrêmement difficile de m’acquitter de la tâche de soulagement.

L’homme est salarié de l’établissement, il est chargé, bien sûr, de tenir les toilettes propres, mais pas seulement les toilettes. Il est aussi chargé d’aider au lavement des mains ! Et devant moi, une douzaine de parfums différents. L’étagère de Pat Bateman dans American Psycho. La même. Je dois insister pour refuser.


On a bien jigué, le 500 miles des Ecossais a retenti 2 fois déjà, il est 3 heures, Temple Bar ferme, il faut aller dormir. Demain, Monsieur Garner est au sifflet.
 

Christophe

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je le dis et je le répète même, ce type a vraiment du talent !! :bravo::bravo::bravo::bravo:

Tu devrais te lancer dans un ouvrage recueil de tes voyages hcupesques :231183:

On attend la suite avec impatience :6775:
 

Hcupisant

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2ème partie

Il y a tout ce qu’il faut autour de la gare d’Heuston. Phenix Park, le plus grand jardin public d’Europe. Un peu plus loin, la Old Jameson Distillery. Un peu plus loin encore, Croke Park et ses rugissements. Et juste en face, beaucoup plus près, la tentaculaire usine Guinness, dont quelqu’un dira au retour qu’il faut absolument la relier à Cabestany au moyen d’un pipe-line géant. La Guinness a été inventée par les moines pour les supporters : elle n’est jamais aussi bonne que dans un verre en plastique.

Pour la 2ème salve de Guinness, on va néanmoins attendre un peu, le train est à 8h30, à 10h38 ce sera la gare centrale de Limerick, le presque centre du monde du jour.

Certains sont déjà à Dublin. Ils vont prendre le train avec nous. Ils y seront majoritaires. Silencieux, mais pas inexpressifs. Des couples surtout. 50, 60 ans. Un petit salut, un clin d’œil, un sourire, une envie irrépressible d’entamer la conversation alors que les 3h30 de sommeil et les dernières vapeurs de whisky sont en train de donner leur plein effet : nous sommes enfin en face d’eux, et nous n’avons même pas quitté le territoire du Leinster.

Quelques arrêts et un changement sont prévus. Portlaoise, Thurles… A chaque petite ville, ils sont quelques-uns à joindre la troupe. Toujours presque sans un bruit. Les journalistes rédigent systématiquement la même chose à leur propos. Ils sont nombreux, ils sont fair-play, fidèles, ils rugissent, ils font frissonner et donnent des ailes à leurs joueurs. J’aimerais sortir du cliché, et écrire quelque chose de complémentaire, en restant dans l’hommage… Que dire ?

Arrivée à la gare centrale de Limerick. Toujours ces petites nuées. Cela ne produit radicalement pas la même impression visuelle qu’une armée de supporters toulonnais, clermontois ou catalans qui débarquerait dans une gare un jour de phase finale. Dans ce second cas, vous auriez un gros bloc coloré, des hurlements, une vague qui emporte toute la grisaille de la ville dans un énorme vacarme.

Non, là c’est tout autre chose. Et pourtant, une vive émotion remonte. Toutes ces petites grappes rouges… Ils viennent de partout en Irlande. Partout. Dont un pourcentage très important, de Cork. Encore un port. Un port et des docks. La Rochelle, Marseille, Gênes, Naples, Glasgow, Liverpool. Les ports produiraient-ils les publics les plus passionnants ? Pourquoi le stade n’est-il pas à Cork d’ailleurs ? « It’s historical », me répondra-t-on à plusieurs reprises. Débat clos, Limerick est légitime.

Dépôt des bagages, et franchissement de la Rivière Shannon avec son cerf métallique bravant le courant. Vite, vite, le match est à un horaire de Premier League anglaise. Non, je ne pense pas à Monsieur Garner, pas encore. Sur le chemin, des klaxons, de plus en plus. A Limerick, on peut saluer toute la ville un jour de match. J’ai bien dit, toute la ville.

Chez Toyota, ce sont des malins. Le « nouveau » Thomond Park (déjà vu fin 2009) a gardé l’esprit de l’ancien, et se trouve au même endroit, contrairement, parc exemple, au Parc Y Scarlets de Llanelli qui a détruit l’ambiance incroyable qui régnait autrefois à Stradey Park. Malins et aussi soucieux des dépenses de leurs résidents. Le Munster Munch qui se trouve à l’entrée propose le hot-dog le plus cher d’Europe, 5 euros, avec une taille moyennement réduite.

West Stand, les rangées du haut, excentrées. On est une centaine. Je n’ai pas vraiment pensé au match jusqu’à présent. Que puis-je espérer d’ailleurs ? Absence de bonus offensif pour le Munster ? Davantage ? L’USAP est sortie tôt et les joueurs vont rester une grosse minute avant que la clameur n’emplisse tout le stade. Flash-back : 2006, Lansdowne Road, j’étais tout en bas, les 2 rangées de sièges au bord de la pelouse, et jamais je n’avais senti un tel écrasement par le son, ils étaient alors plus de 40 000.

Ça y est, Monsieur Garner siffle le coup d’envoi.
 

Hcupisant

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3ème partie


« Believe your team can win. » C’est un supporter du Munster qui a dit ça à un ami, en 2009, à la gare de Perpignan. Le week end où l’USAP tombait 36-14 face à cette province.


J’ai eu beau believe (pas exagérément hein, un petit peu, pour la forme et surtout le soutien), cela n’a pas fonctionné cette fois encore. Première discussion d’après-match avec un supporter du Munster, qui craignait l’USAP et s’avoue un peu déçu de la performance de mon équipe. La réponse est souriante, mais ferme : félicitations, mais concernant l’USAP, je suis désolé, je trouve que mon équipe a bien joué. Ne pas faire allusion à l’arbitrage. Surtout pas.

Car, je le craignais, M. Garner était inconnu et s’est fait un nom grâce à l’USAP. Bien sûr, nous avons commis quelques maladresses, et d’emblée le coup de pied spécial feuille morte de Camille ne nous a pas mis dans le droit chemin. 7, 10, 15, 22-0, mi-temps. Ouch. Assis et groggy en tribune. La meilleure place pour encourager son USAP aujourd’hui, c’était d’ailleurs en tribune à Thomond Park, tout en haut de préférence, loin des actions, car je vais comprendre au fur et à mesure que nos camarades restés au pays sont en train de devenir fous devant leur écran (ah le bon vieux temps des 36cm où on ne voyait rien).


La chronologie des sms reçus, en heure française, est particulièrement parlante :

14h17 : « une Hculade de plus »
15h06 : « hallucinant » (Hcupisant était également accepté)
15h07 : « arrêtons les frais !!! Autant déclencher une générale et se faire exclure de la compétition ! »
15h17 : « et vous en voulez encore !! »
15h18 : « les commentateurs sont outrés de l’arbitrage »
15h20 : « incroyable ! A Canal ils n’en peuvent plus ! »
15h39 : « il faut boycotter l’an prochain, c’est trop gros, j’ai longtemps défendu cette compétition mais là j’ai même plus envie de venir samedi »
16h36 : « pas de chance pour Lopez mais que dire pour l’arbitre ? Il fait honte à ce sport, dénigre l’USAP et le Munster »


Ce qui m’a paru frappant depuis mon siège, c’est que l’ERC a adopté un nouvelle disposition dans ses textes. On connaissait la zone arbitre. Il y a désormais, reconnue parfaitement légale, la zone O’Connell. C’est une zone assez vaste, qui comprend l’avant, les côtés et la partie inférieure du ruck, et se poursuit au-delà de la ligne d’avantage, pour se terminer avec fracas sur les épaules ou les côtes des défenseurs de l’USAP. Notez que la zone n’est pas évolutive. Vous n’aurez par exemple jamais une zone Vilaceca de la sorte. Encore moins une zone Pérez.


Je bascule rapidement sur le match retour (believe your team can be fucked twice), mais auparavant il est nécessaire d’aller, autant que possible, remonter le moral des troupes qui se sont battues comme des lionnes dans ce contexte. Justin Purll, Dan Léo, Romain Terrain (encore un bon match de plus !) et le plus marqué de tous, Guillaume Vilaceca, la trace du combat qu’il a livré sur tout le visage, bravo Guillaume pour cette performance.

Soudain, tout le monde s’arrête. Un quatuor scintille, le sourire angélique et un peu peureux, ne s’attendant pas à sortir côté « supporters de l’USAP qui consolent leurs joueurs. » Monsieur Garner est là. Il hésite entre un port altier de style fier comme Artaban, j’ai fait mon job, et une furieuse envie d’accélérer son rythme de marche. Tu ne risques rien, ami Garner, et tu le sais, et en plus, ça doit te plaire ! Je m’approche : « congratulations, at least, one englishman won’t lose his head in Ireland. » La meilleure est commise par un de mes voisins. Il regarde M. Garner, ne lui dit rien, déchausse ses lunettes et lui tend. L’histoire ne dit pas si ce sont des lunettes magiques qui permettent de voir Paul O’Connell s’adonner à la natation dans les rucks.

A venir 4ème et dernière partie, destinée à celles et ceux qui penseraient qu’on s’ennuie ferme un dimanche soir dans une ville irlandaise pas plus grande que Brive-la-Gaillarde.
 

Hcupisant

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4ème partie

« Hey ! Hey ! » Mince. Manquait plus que ça.


C’est sur le chemin du retour, la cohorte vient de passer au feu rouge, la moto de la police garée de l’autre côté du pont démarre et se porte à notre hauteur, ne me dites quand même pas qu’on va se faire verbaliser ?

“Hey ! The pub you’re looking for ! It’s juste there ! On the right!” The Locke Bar and Restaurant, il est plutôt sur la gauche, mais on remercie bien vivement le motard. L’arrivée est triomphale. Oui c’est comme ça en Hcup, vous avez encore un peu mal aux fesses mais vous héritez de la bonne humeur de l’adversaire. Ecoutez-les à notre entrée dans le pub : « et lalala ! et lalala ! et lalala the Catalans ! Et lalala ! Et lalala ! Et lalala the Catalans ! »

Allez c’est parti, opération socialisation maximale, il faut parler à tout le monde. Mais… Que se passe-t-il ? L’assemblée se retourne immanquablement vers les écrans de télé… « Connacht is leading. 20 minutes remaining, and Connacht is leading. Historical. Unexpectable. I don’t even have the words.” Le Connacht mène effectivement. Regards attentifs sur la fin du match. L’arbitrage me semble correct. C’est sans compter sur le visionnage, une fois rentré en France, de l’essai des hommes du Connemara. L’arbitre central veut simplement qu’on se paluche pour savoir si le joueur irlandais a aplati sur la ligne. Sur l’action, le 13 du Connacht fait un énorme écran sur un défenseur toulousain. Toujours cette absence de lunettes magiques, bon sang.

« YEEEEAAAAAHHHH ! » Non, l’USAP ne vient pas de prendre un 6ème essai, mais le Connacht a gagné.

« Do you want a pint of Guinness to celebrate ? »

“Oh thank you, but I’d rather have a pint of Guy Novès.”

“OK no problem ! Two pints of Guy Novès, please.”


Le Locke se vide petit à petit, la masse des supporters venus de Cork doit rentrer. Coll Roig et moi, on est inquiet. « Tu verras qu’il ne va rester quasiment personne. Le Clohessy’s / Sin Bin sera notre dernier espoir. » Quand c’est vide on peut aussi s’amuser, et les quelques clients rigolent de voir que ce sont des français qui réclament au groupe de live music les grands classiques, Molly Malone, Dirty Old Town et The Fields of Athenry à la fin. 4 étudiantes disent qu’il faut sortir au bar / boîte Smyth’s. ça tombe pas trop mal, c’est à 100 mètres de l’hôtel. Avant de partir manger, échange d’écharpe. Des écharpes différentes, ils en ont à peu près autant qu’à Liverpool. Et là, je vais récupérer strictement la même que celle que j’avais reçu en 2006… Ce week end je n’aurai pas eu de chance avec les vêtements, et vous allez comprendre très vite pourquoi.

On mange très bien au Cornstore, et il y a tellement de serveuses qu’on n’a jamais eu la même entre l’entrée, le plat et l’Irish Coffee. Les visages deviennent graves lors de l’addition. Quel pub choisir maintenant ? « Le Nancy Blakes. Clohessy’s sera le dernier recours. » Bonne surprise, Il est bien rempli. Depuis le début, je n’ai pas mentionné un seul supporter (maillot Toyota, 99%) ou sympathisant (pas de couleurs, 1%) qui soit tordu. Au Nancy Blakes il y en a un. Pas de couleurs, mais un joli « good game » avec le sourire qui fait plutôt penser à du « we kicked your ass. »

On va le calmer vite fait : « don’t say good game. It’s an english sentence. And you’re Irish. » Le visage du type se ferme immédiatement. Dents serrées, il s’approche de moi, me prend par l’épaule…. Je vais m’en prendre une ou pas ? Les paris sont ouverts ! Il craque : « OK, you know, I’m Irish, you’re French, so F….. THE ENGLISH !!!”

“Le Sin Bin ?”

“Oui, le Sin Bin.”

Cauchemar. Le complexe de Peter Clohessy est vide. Il reste tous les supporters valides de l’USAP, et un couple non rugby. Il est environ 23h30, et le dernier recours sera le Smyth’s, mais le trajet se fait quasi à reculons, car plus tôt dans la soirée, le Smyth’s sonnait aussi creux que Colombes ou Charléty.

Le Smyth’s…

Le Smyth’s…

Le Smyth’s est plein ! Et lalala ! Et lalala ! … Oui, il y a des supporters du Munster à Limerick, et il y a celles et ceux qui veulent en profiter. Prenez par exemple ce sosie de Paris Hilton, bourré d’humour et très intéressé par la tenue sang et or. Elle va enfiler la tenue (pas l’inverse) de bon cœur et se trémousser pour le plus gros éclat de rire général du week end.

C’est incroyable ces déplacements européens, on parle à plus d’une centaine de personnes sur tout un week end, on en rêve encore la nuit, on…

Tiens…

Mais…

« Coll Roig ? »

« Oui ? »

"..."


Tout bien réfléchi je crois que l'épisode mérite une partie à lui tout seul. mrgreen
 

Hcupisant

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5ème et dernière partie


« Coll Roig ? »

« Oui ? »

« Il manque ma veste sur la chaise. Là, sur la tienne. Elle n’y est plus. »

On farfouille, rien. Une autre veste à capuche, à côté. Le scénario se dessine. Un type a confondu les 2 vestes et s’est tiré avec la mauvaise. Il a ses clefs dans la sienne, [MENTION=145]Eusebio Cafarelli[/MENTION] ça va bien se passer. On fait passer, justement, le vestiaire de la discothèque du premier étage au peigne fin. Rien. Le type va revenir. C’est sûr, puisqu’il a laissé ses clefs. A moins qu’il ne soit pas rentré chez lui. Mais c’est possible ça, de conclure un dimanche soir à Limerick, dans le pays le plus catholique du monde libre ?

On ne va pas se démoraliser pour si peu. La discothèque est remplie, pas jusqu’à la gueule, mais remplie de manière ahurissante pour un dimanche soir. Les supportrices du Munster hurlent les paroles de chaque chanson, et notamment The Rhythm of the night de Corona qu’on n’avait pas entendu depuis, depuis… Un jumelage avec l’Ascott devrait s’imposer.

Le fût de Heineken est épuisé. Bien fait pour eux tiens. Il ne reste que la Budweiser, là, bien fait pour nous. De la Budweiser à Limerick, palsambleu ! Une Budweiser alors. Et… association d’idées, Corona, Budweiser, Heineken, la première Heineken du week end était dans l’avion, Ryanair (Ryanscare disent les 4 étudiantes du Locke en pleine bourre sur le dance-floor)… Ryanair… Boarding pass… Le boarding pass ****** de ****** ! Il est dans la poche de la veste. ****** ! Le type DOIT revenir, c’est maintenant une obligation !

Une petite voix, par là-haut, dans l’hémisphère qui sert à retrouver ses esprits :

« Hcupisant ? »

« Oui, quoi encore ? »

« Hcupisant, mon petit Hcupisant, tu t’inquiètes pour le boarding pass, mais ce document peut se réimprimer, es-tu sûr qu’il n’y a pas autre chose qui devrait te faire quitter cet endroit immédiatement… ? »

Non je vois pas. Une petite gorgée de Bud peut-être… Je recommence : Budweiser / Heineken / La première dans l’avion / Ryanair / Boarding Pass… Non, ce n’est pas possible. Pas la place au stade, je les ai toutes gardées jusqu’à présent, elles ont réchappé à tout !

Non ce n’est pas ça. La disparition de la place au stade c’est pénible, mais ce n’est pas ça. Cherche encore. Tu vérifies tout le temps tes poches, allons ! Un peu de concentration.

«P… »

« Pass… »

Le scénario accouche de l'effroyable conclusion.

Le PASSEPORT ****** !

Je vais devoir rester à Dublin demain ? En plus ma carte d’identité est périmée, cela ne va pas faciliter les échanges. Je commence à me répéter les phrases types dans ma tête face à un représentant de l’ambassade. On va en rire un jour c’est clair ! Pas tout de suite, mais un jour !

« Bon Hcup on y va, ça ferme. »

Le type n’est pas revenu. Non. Il a découché le salaud. Soit il ronfle, soit il trousse une américaine qui ne voulait pas venir à Limerick. Dans les 2 cas il est heureux. Dernière tentative demain à 9 heures, là c’est comme à la 60ème minute du match, j’y crois modérément, le type levé aux aurores…

Je rentre à l’hôtel, et puis tiens, y’a pas de raison que ça se termine, il y avait ma clef de chambre d’hôtel dans l’une des poches, le veilleur est bien sympa d’aller m’ouvrir, je ne vais pas tarder à m’écrouler sur le lit en me demandant quel niveau de connerie m’a atteint pour ne pas tout laisser dans cette chambre…

Il est là bon sang. Le miracle ne s’est pas produit à Thomond Park, il a eu lieu plus tard, dans la chambre, dans un coin sombre en dessous du coffee/tea set, le Saint Graal. Le passeport est par terre, dans une position donnant à penser qu’il est tombé de la poche de la veste.

Je ne prendrai plus jamais rien dans un blouson. J’aurai des poches de jean surgonflées, mais je ne mettrai plus rien dans un blouson.


Lundi 9 décembre

Aéroport de Dublin, début d’après-midi. La réédition du boarding pass ne m’a rien coûté, je ne critiquerai plus jamais Ryanair. La sécurité franchie, on philosophe (ne riez pas) devant une dernière pinte de Guy Novès et un dernier fish and chips. La chronique du Irish Independent nous donne des gloussements, en gros, l’USAP a été superbe et le Munster décevant. Véridique.

Un supporter, très très assidu, depuis longtemps, que je ne citerai pas, va se livrer à une réflexion assez remarquable, en pensant que l’on sera dans l’avion au moment de « Lundi C’est Rugby. »

Voici, à peu près, ce qu’il a retranscrit : « je poserais bien une question si je pouvais. Bonjour Sylvain, bonjour Marc. Voilà. Cela fait 15 ans que je suis l’USAP en Coupe d’Europe. Au début, j’étais très énervé à l’extérieur. J’hurlais « the referee is baaaaad ! » à qui voulait bien l’entendre. Et hier, je n’ai rien dit. Cela fait un moment que je ne dis rien. Je reste stoïque, résigné, bouche bée. Ma question, c’est, quand on assiste à un tel spectacle, que faire ? Est-ce que le capitaine ne pourrait pas aller voir l’arbitre au moment du renvoi et lui dire : on arrête. On engage, ils rattrapent la balle, on ne plaquera personne. Il y aura essai transformé à chaque engagement, jusqu’à ce que le stade se vide. C’est envisageable ?

Il faudrait que je revoie le match mais je suis pris de gros doutes sur ce qui me fait aimer cette compétition. Il existe, en effet, un écart incroyablement abyssal, entre les expériences géniales vécues avec les supporters adverses, et les événements qui se produisent parfois sur le terrain pendant 80 minutes.

Dans l’avion, je repense aux petites nuées rouges. Les supporters du Munster, les journalistes écrivent toujours pareil à leur sujet… Le silence sur les pénalités, on pourrait ajouter aussi : le bruit assourdissant sous les chandelles, James Hook peut en témoigner. Ils l’ont piqué aux supporters de clubs français, on peut en être certain, si, si…

La punchline du week end : « les turnstiles de Thomond Park, t’as pas intérêt à choper la gaule, sinon tu passes plus ! » haha

[MENTION=224]coll roig[/MENTION] ce sosie de Paris Hilton avec la tenue, quina fart de riure ! hahahaha
[MENTION=122]Océan[/MENTION] tu devrais raconter ton périple de samedi, ça complète idéalement l’aventure de [MENTION=173]Christophe[/MENTION] le lendemain du match à Gloucester !

Samedi prochain, défaite du domaine du possible, qu'importe, opération « on a bien compris le coup mais on soutient l’équipe ! »

Allez, USAP, tes supporters seront là !

edit : FIN ! Je pense que Marco va s'épargner la lecture. :p
 
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