Hcupisant
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… avec un « léger » goût amer dans la bouche quand même (qui n’est pas dû à la triple distillation du whisky Jameson, en plus je préfère le Bushmills, voire le Old Pulteney).
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1ère partie
« Je ne veux pas être le produit de mon environnement. Je veux que l’environnement soit mon produit à moi. »
Il est 18 heures ce mardi soir à Montpellier. A la lecture des comptes rendus (mot mal choisi !) de l’ERC en version française (on parle de l’arbitrage) et en version anglaise (on n’en parle pas), il me revient en tête cette phrase introductive de Frank Costello / Jack Nicholson dans le film les Infiltrés / The Departed, et le rock celtique des Dropkick Murphys, I’m Shipping up to Boston. On peut reformuler : Munster are flying up to Cardiff, without any risk on their way.
La Heineken Cup, c’est bien le produit de l’ERC. Qui n’a pas un jour rêvé, comme Frank Costello, de débarquer dans l’épicerie / bar du coin, de foutre la tête d’une ou deux terreurs de quartier dans leur bol de cornflakes, de peloter les seins de la serveuse à peine majeure, de plonger la main dans la caisse pour en ressortir la recette du jour, et de finir en faisant la morale au petit jeune qui bave devant tant d’héroïsme, sans aucun flic autour pour le contrarier : « tu vois Colin, dans ce monde, on ne te donne rien. C’est à toi de prendre. »
Seuls quelques privilégiés peuvent se conduire de la sorte. Au cinéma, il y a Frank Costello. Et dans la vie réelle, il y a Paul O’Connell.
Samedi 7 décembre
Barcelona El Prat, début d’après-midi. Je n’ai jamais décollé d’un aéroport aussi gros pour aller voir mon USAP en déplacement européen ! C’est un signe ? ça n’en est pas un ? Ferme ta bouche et continue d’écrire ?
Barcelona / Dublin : ça c’est de la ligne aérienne festive. Encore faut-il pouvoir décoller. Alors que je suis séparé du reste des supporters par le passport control, impossible de revenir en arrière, le cadran des horaires bouge légèrement et attire mon regard. « New take-off time : 16h58. » Au lieu de 15h45. Que des Ecossais rencontrent un sale temps en hiver, ok. Que des contrôleurs aériens Anglais se mettent en grève, c’est déjà plus curieux. Et que cela ait des répercussions sur l’aéroport Irlandais de Dublin, là le mystère s’épaissit clairement.
Il ne sera jamais levé car l’embarquement se fait quasiment à l’heure prévue… Pour se retrouver, une fois dans l’appareil, avec une annonce du capitaine. « Disculpe para el retraso. Una hora. » Décollage dans une heure. Commercialement, c’est imparable, le chiffre d’affaires de la vente ambulante, va, lui, décoller immédiatement.
« What sorts of beers do you have ? »
“Only Heineken.”
Ben tiens. C’est Estrella Damm qui doit bien faire la gueule avec Ryanair.
L’aéroport de Dublin est rempli de sapins de Noël. Le réceptionniste du Phenix Park Hotel, n’a, lui, manifestement pas décuvé de son vendredi soir, il faudra près de 20 minutes pour répartir comme il faut la troupe dans les chambres. Ce n’est pas très grave, la veillée d’armes peut enfin débuter.
Depuis quelques années, le phénomène des Christmas Parties a pris de l’ampleur en Grande-Bretagne et en Irlande. A Temple Bar, qui n’a pas pris une ride, c’est l’épicentre. On connaissait les bonnets de Noël. Mais des guirlandes éclairées sur tout le corps, là c’est plus nouveau. Et très pratique. Le visage des filles brille tellement que le fonds de teint orange qui fait un tabac à Swansea ou à Newcastle (les 2 villes ne sont pas choisies au hasard) perd ici toute son utilité.
Et puis, la ligne aérienne avec Barcelona a donné des idées à certains : garçons et filles-sandwichs avec des pancartes « lapdance, poker. » Dublin devient vicieuse ? ça attire à mort en tout cas. Des Ecossais, des filles de Liverpool (c’est la première et sans doute la dernière fois de ma vie que j’ai l’occasion de croiser une scouser qui ne connaît pas Steven Gerrard), de Bristol, la planète entière de l’Anglophonie se donne rendez-vous à Temple Bar.
En revanche, il faut en avoir tombé, des pintes, pour parvenir à croiser des supporters du Leinster, d’ailleurs davantage occupés à galocher des américaines qu’à parler du match. « Did you win ? » « Yes. Four tries. » Complètement blasés. Une des deux américaines, reprenant son souffle, nous déconseille d’aller à Limerick, « unsecure place ». Une américaine qui parle d’insécurité à propos d’une ville d’Europe de l’Ouest, ça provoque toujours un franc éclat de rire. Bon sang cette odeur de parfum est obsédante. C’est toi l’américaine ? Non, ce n’est pas elle et elle est repartie galocher son irlandais. Mais qu’est-ce donc que ce parfum !
2 heures, LE moment de solitude : je suis aux toilettes, ma vessie a des limites. Je n’ai rien remarqué de spécial en entrant, si ce n’est cette odeur de parfum qui m’a déjà ruiné mon dram de Glenmorangie. Je suis seul. Pourtant, je ne suis pas tranquille. Je me tourne à droite. Rien. Je me tourne lentement à gauche... Un homme m’observe. En souriant. Soudain je comprends (j’explique dans 2mn) et je suis pris d’un incontrôlable éclat de rire, il m’est extrêmement difficile de m’acquitter de la tâche de soulagement.
L’homme est salarié de l’établissement, il est chargé, bien sûr, de tenir les toilettes propres, mais pas seulement les toilettes. Il est aussi chargé d’aider au lavement des mains ! Et devant moi, une douzaine de parfums différents. L’étagère de Pat Bateman dans American Psycho. La même. Je dois insister pour refuser.
On a bien jigué, le 500 miles des Ecossais a retenti 2 fois déjà, il est 3 heures, Temple Bar ferme, il faut aller dormir. Demain, Monsieur Garner est au sifflet.
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1ère partie
« Je ne veux pas être le produit de mon environnement. Je veux que l’environnement soit mon produit à moi. »
Il est 18 heures ce mardi soir à Montpellier. A la lecture des comptes rendus (mot mal choisi !) de l’ERC en version française (on parle de l’arbitrage) et en version anglaise (on n’en parle pas), il me revient en tête cette phrase introductive de Frank Costello / Jack Nicholson dans le film les Infiltrés / The Departed, et le rock celtique des Dropkick Murphys, I’m Shipping up to Boston. On peut reformuler : Munster are flying up to Cardiff, without any risk on their way.
La Heineken Cup, c’est bien le produit de l’ERC. Qui n’a pas un jour rêvé, comme Frank Costello, de débarquer dans l’épicerie / bar du coin, de foutre la tête d’une ou deux terreurs de quartier dans leur bol de cornflakes, de peloter les seins de la serveuse à peine majeure, de plonger la main dans la caisse pour en ressortir la recette du jour, et de finir en faisant la morale au petit jeune qui bave devant tant d’héroïsme, sans aucun flic autour pour le contrarier : « tu vois Colin, dans ce monde, on ne te donne rien. C’est à toi de prendre. »
Seuls quelques privilégiés peuvent se conduire de la sorte. Au cinéma, il y a Frank Costello. Et dans la vie réelle, il y a Paul O’Connell.
Samedi 7 décembre
Barcelona El Prat, début d’après-midi. Je n’ai jamais décollé d’un aéroport aussi gros pour aller voir mon USAP en déplacement européen ! C’est un signe ? ça n’en est pas un ? Ferme ta bouche et continue d’écrire ?
Barcelona / Dublin : ça c’est de la ligne aérienne festive. Encore faut-il pouvoir décoller. Alors que je suis séparé du reste des supporters par le passport control, impossible de revenir en arrière, le cadran des horaires bouge légèrement et attire mon regard. « New take-off time : 16h58. » Au lieu de 15h45. Que des Ecossais rencontrent un sale temps en hiver, ok. Que des contrôleurs aériens Anglais se mettent en grève, c’est déjà plus curieux. Et que cela ait des répercussions sur l’aéroport Irlandais de Dublin, là le mystère s’épaissit clairement.
Il ne sera jamais levé car l’embarquement se fait quasiment à l’heure prévue… Pour se retrouver, une fois dans l’appareil, avec une annonce du capitaine. « Disculpe para el retraso. Una hora. » Décollage dans une heure. Commercialement, c’est imparable, le chiffre d’affaires de la vente ambulante, va, lui, décoller immédiatement.
« What sorts of beers do you have ? »
“Only Heineken.”
Ben tiens. C’est Estrella Damm qui doit bien faire la gueule avec Ryanair.
L’aéroport de Dublin est rempli de sapins de Noël. Le réceptionniste du Phenix Park Hotel, n’a, lui, manifestement pas décuvé de son vendredi soir, il faudra près de 20 minutes pour répartir comme il faut la troupe dans les chambres. Ce n’est pas très grave, la veillée d’armes peut enfin débuter.
Depuis quelques années, le phénomène des Christmas Parties a pris de l’ampleur en Grande-Bretagne et en Irlande. A Temple Bar, qui n’a pas pris une ride, c’est l’épicentre. On connaissait les bonnets de Noël. Mais des guirlandes éclairées sur tout le corps, là c’est plus nouveau. Et très pratique. Le visage des filles brille tellement que le fonds de teint orange qui fait un tabac à Swansea ou à Newcastle (les 2 villes ne sont pas choisies au hasard) perd ici toute son utilité.
Et puis, la ligne aérienne avec Barcelona a donné des idées à certains : garçons et filles-sandwichs avec des pancartes « lapdance, poker. » Dublin devient vicieuse ? ça attire à mort en tout cas. Des Ecossais, des filles de Liverpool (c’est la première et sans doute la dernière fois de ma vie que j’ai l’occasion de croiser une scouser qui ne connaît pas Steven Gerrard), de Bristol, la planète entière de l’Anglophonie se donne rendez-vous à Temple Bar.
En revanche, il faut en avoir tombé, des pintes, pour parvenir à croiser des supporters du Leinster, d’ailleurs davantage occupés à galocher des américaines qu’à parler du match. « Did you win ? » « Yes. Four tries. » Complètement blasés. Une des deux américaines, reprenant son souffle, nous déconseille d’aller à Limerick, « unsecure place ». Une américaine qui parle d’insécurité à propos d’une ville d’Europe de l’Ouest, ça provoque toujours un franc éclat de rire. Bon sang cette odeur de parfum est obsédante. C’est toi l’américaine ? Non, ce n’est pas elle et elle est repartie galocher son irlandais. Mais qu’est-ce donc que ce parfum !
2 heures, LE moment de solitude : je suis aux toilettes, ma vessie a des limites. Je n’ai rien remarqué de spécial en entrant, si ce n’est cette odeur de parfum qui m’a déjà ruiné mon dram de Glenmorangie. Je suis seul. Pourtant, je ne suis pas tranquille. Je me tourne à droite. Rien. Je me tourne lentement à gauche... Un homme m’observe. En souriant. Soudain je comprends (j’explique dans 2mn) et je suis pris d’un incontrôlable éclat de rire, il m’est extrêmement difficile de m’acquitter de la tâche de soulagement.
L’homme est salarié de l’établissement, il est chargé, bien sûr, de tenir les toilettes propres, mais pas seulement les toilettes. Il est aussi chargé d’aider au lavement des mains ! Et devant moi, une douzaine de parfums différents. L’étagère de Pat Bateman dans American Psycho. La même. Je dois insister pour refuser.
On a bien jigué, le 500 miles des Ecossais a retenti 2 fois déjà, il est 3 heures, Temple Bar ferme, il faut aller dormir. Demain, Monsieur Garner est au sifflet.