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La Chronique d'Els de P@ris : ÉDUCATION À LA DURE (CAB-USAP, 7e journée)

Els de P@ris

USAPiste bavard
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1 Août 2012
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Dans cette impitoyable cour de récré qu’est le Top 14, on a souvent reproché à l’USAP version Marc Delpoux de trop donner une image de gentil petit garçon doué mais pas toujours assez bûcheur, ce qui lui vaut de se faire barrer la route du tableau d’honneur par des camarades qui n’ont pas forcément autant de facilités, mais qui révisent leurs leçons sur les bases du rugby de haut niveau avec davantage d’assiduité et de régularité. On a par exemple beaucoup reproché à nos garçons de ne pas assez se faire respecter lors des récréations, état d’esprit symbolisé par notre paire de secondes lignes, que tout le monde s’accorde à reconnaître comme de petits surdoués du rugby, mais qui ont parfois tendance à s’appuyer un peu trop sur leurs immenses facilités.
Cependant, depuis quelques semaines, nous, simples examinateurs qui évaluons leurs résultats avec autant d’amour que d’exigence, étions amenés à penser qu’enfin notre équipe allait enfin grandir, et ne plus se contenter de bachotter la veille des grands rendez-vous, stimulée par l’enjeu et par la peur d’un zéro pointé vexant. La copie très honorable rendue par nos apprentis en région parisienne avait mérité les encouragements, la parfaite composition réussie contre Montpellier avait valu à nos joueurs les félicitations appuyées de toute le conseil de classe du rugby français. Se profilait désormais un examen moins prestigieux mais pas moins redoutable, du côté de la Corrèze, où on s’applique depuis quelques temps à réciter un jeu d’avants parfois limité, mais toujours efficace et puissant, symbolisé par leur gros balèze du dernier rang de la mêlée, une vraie terreur depuis la rentrée des classes...
Du coup, en matière d’évaluation sur les bases, il paraissait difficile de trouver plus révélateur. Certes, il fallait composer avec les blessés, mais aussi la nouvelle salve de punitions, dont on avait peine à comprendre la logique. Toutefois, cela ne nous empêchait pas de composer une équipe semblant taillée pour enfin réussir une sortie scolaire, avec le petit nouveau fidjien, enfin présent après avoir longtemps manqué à l’appel. Le Six n’attendait que cela, rempli comme un amphi de fac la première semaine de cours par notre penya, qui avait pour l’occasion fait le plein d’espérances, mais aussi de fierté, puisqu’elle avait l’honneur de faire découvrir son antre à notre président François Rivière, qui sait désormais où il est le bienvenu s’il doit être à Paris un jour de match !

Au rayon des progrès de l’élève USAP ces derniers temps, il y avait la réduction de cette fâcheuse tendance à arriver en retard dans la salle de classe, qui avait pu coûter nombre de points au bilan final. Et en effet, nos garçons semblaient avoir décidé de s’appliquer immédiatement, avec un premier mouvement qui permettait à Camille Lopez de réciter le théorème l’introduction par le drop, que Jules Plisson lui avait appris fin août. Mais cette fois, sa récitation était interrompue par le rideau briviste, montrant immédiatement qu’il n’avait nulle intention de nous laisser travailler proprement, tout comme lorsque Votu décidait de montrer qu’il connaissait la conjugaison du verbe « relancer », mais un peu moins la communication avec ses collègues, ce qui se comprend mais coûtait déjà trois points.
Cela ne décourageait pas nos joueurs, qui essayaient immédiatement de mettre en application leur philosophie de jeu, hélas avec trop d’approximations pour espérer une bonne note. Et si notre mêlée montrait qu’elle avait bien révisé ses cours, une percée de Namy mettait le doigt sur nos difficultés récurrentes en géométrie, notamment dans la lecture des courbes des attaquants adverses et le tracé de ligne de défense s’y adaptant. Hook répliquait bien avec une splendeur de relance qui nous gratifiait de trois nouveaux points (on était alors loin de savoir que ce seraient les derniers…), mais la punition tombait sur l’engagement : Koyamaibole jouait les caïds et renversait tout le monde pour arriver sur nos 22, le jeu rebondissait et Swanepoel bien lancé jouait à chat avec une facilité déconcertante dans notre défense désorganisée. Les Coujoux récoltaient une mention pour leur première incursion dans nos 40 mètres, la sanction était rude.
Et comme souvent dans pareil cas, nos garçons perdaient leurs repères et semblaient oublier les leçons durement apprises, d’autant que le surveillant général commençait, comme souvent en pareil cas, à ne voir que les fautes de ceux qui font figure de mauvais élèves, surtout s’ils ne sont pas sur leur terrain. Cela tournait au festival : fautes au sol, pénalité sur le poteau non récupérées, touches perdues, et pour finir un inévitable carton jaune pour le petit nouveau Votu, peut-être pas très au fait du règlement intérieur version Top 14 sur la façon de disputer un ballon. Et si James Hook restait insaisissable, son imprécision nous empêchait de faire illusion bien longtemps. Les Coujoux continuaient à jouer les élèves modèles, pendant que nous nous enfoncions dans le rôle de cancre indiscipliné, y compris le pourtant si sérieux Duvenage qui se décidait à faire un cours d’architecture par le geste sur les cathédrales romanes et gothiques, ce qui lui valait lui aussi dix minutes au piquet.
La mi-temps arrivait cependant sans punition supplémentaire, ce qui paraissait presque inespéré, comme notre délégué Guilhem ne manquait pas de souligner. Mais il y avait dans ces 20 minutes un tel concentré de ce que nos joueurs peuvent proposer de pire qu’on ne pouvait qu’être inquiet pour la suite…

La classe reprenait, avec une USAP toujours diminuée et des Brivistes décidés à nous renvoyer définitivement à nos chères études. Et cela ne ratait pas, l’USAP se retrouvait sous pression, ayant visiblement laissé au vestiaire son cahier de mêlées, ainsi que son manuel de défense au près. Quelques maladresses brivistes retardaient l’échéance, mais celle-ci arrivait, inéluctable : après un groupé d’école, Swanepoel nous refaisait le coup de la course décroisée, et pour le même résultat, à savoir une nouvelle rature sur notre carnet de bord. On commençait à ne plus voir que la couleur rouge de la correction sur les cahiers catalans, et si le passage obligé de monsieur le surveillant général à l’infirmerie et son remplacement laissaient un peu de répit, il était de courte durée.
Face à des Brivistes survoltés, nos joueurs semblaient avoir baissé les bras, et semblaient mettre de moins en moins de conviction dans leurs devoirs, ce qui leur faisait multiplier erreurs et étourderies, que ce soit face aux relances des ¾ ou face à la mêlée noire et blanche. Et c’était tout naturellement, presque à cloche-pied comme s’il jouait à la marelle, que Koyamaibole allait cueillir la mention très bien du bonus offensif. On pouvait penser que les 20 minutes qui nous séparaient de la sonnerie allaient être très longues, ce qu’elles furent.
Malgré la réaction d’orgueil emmenée par Marty, nous en étions réduits à voir les Brivistes régaler leur public de longues dissertations offensives, dont l’une valait un tour au coin à notre pilier roumain. Toutefois, les locaux ne poussaient pas plus loin la leçon faite à nos joueurs, dont la note d’ensemble restait toutefois proche du zéro. Et c’est avec soulagement que l’on entendait retentir la cloche, en se disant que l’USAP méritait bien de repartir à la maison avec un magnifique bonnet d’âne comme récompense.

Alors, un match à oublier ? Certainement pas, mais que retenir d’une prestation aussi ratée ? La plus grande déception, au-delà de la défaite, est de voir que l’USAP a toujours autant de mal à retenir les leçons qu’elle reçoit régulièrement à l’extérieur, notamment lorsqu’elle se rend dans des établissements jugés moins prestigieux. Après un début correct, l’équipe s’est une nouvelle fois montrée fébrile et s’est délitée sur les matières fondamentales, de la conquête à la défense, en montrant un manque de conviction et de persévérance qu’on n’a hélas que trop vu ces derniers temps. On avait dit que Brive serait un test grandeur nature sur ces bases, on n’a pas été déçu, avec un zéro pointé et une fessée cul nu qui pique encore aujourd’hui. Il ne faut pas cependant jeter cette équipe après l’avoir tant aimée vendredi dernier.
L’USAP version Delpoux est une enfant douée, très ambitieuse à tous les niveaux, mais c’est une enfant, qui est loin d’avoir fini son apprentissage du haut niveau. On sent qu’elle a appris des choses depuis l’an dernier, mais tous ceux qui ont eu un peu à faire avec l’éducation savent à quel point il est difficile de transmettre et d’apprendre, et à quel point il faut multiplier les leçons, les erreurs, pour arriver à une certaine maîtrise qui permet la régularité au plus haut niveau.
On dit souvent qu’une grande équipe sait s’en tirer les mauvais jours, gagner quand elle joue mal. C’est cela qui manque (et peut-être aussi des leaders plus affirmés sur le terrain) pour transformer cette très bonne équipe en grande équipe, c’est cela que possédait l’équipe de 2009 et qui l’a mené tout en haut. Mais il ne faut pas oublier qu’elle était le résultat de près de dix ans de travail, d’erreurs et de déceptions. Tout ce qu’on peut faire en pareil cas, c’est travailler, toujours se remettre en question, travailler sur ses erreurs et cibler les lacunes à combler. Mais quoi qu’il en soit, sans une bien plus grande régularité sur les bases du jeu et dans la maîtrise, l’USAP n’aura rien à espérer cette saison. L’USAP grandit, mais dans un environnement aussi rude que le Top 14, elle doit grandir encore plus vite si elle veut obtenir au moins un accessit à la fin de la saison !
 
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