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La dissolution du supporter

Corbeau

USAPiste impliqué
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24 Juillet 2012
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Je le mets en questions diverses, mais il ne faut pas s'y tromper : la bourgeoisisation des publics sportifs touche autant Paris que d'autres villes (le modèle est celui de la Premiership anglaise), et il n'est pas moins en marche dans le rugby que dans le football. Le sport accessible est au peuple est en train de rejoindre les poussières de l'histoire sur tous les stades, avec la complicité du pouvoir politique (de tous les bords) pour qui le consommateur décérébré est toujours l'espèce la plus désirée.
Excellent article relayé par Le Monde !

http://latta.blog.lemonde.fr/2012/08/31/la-dissolution-du-supporter/



La dissolution du supporter


Le début du championnat de France a eu le mérite de rappeler qu'il existait des équipes en meilleure forme que le Paris Saint-Germain, comme l'Olympique de Marseille, et aussi en plus fâcheuse posture (Montpellier, champion en titre). Difficile, pourtant, d'échapper à l'omniprésence médiatique du club parisien et à la fascination qu'exerce son transfert subit parmi les puissances économiques du continent, comme en témoigne d'ailleurs la coupable surreprésentation du club sur ce blog. L'intérêt suscité ne devrait pourtant pas occulter un phénomène dans le phénomène, pas moins remarquable que le débarquement des stars au Camp des Loges.

OPÉRATION ÉVICTION

"Paris est magique" : le slogan officieux autrefois scandé dans les tribunes trouve une spectaculaire confirmation dans l'incroyable opération d'escamotage réussie par les dirigeants successifs au cours des deux saisons précédentes. On n'a en effet compris le sens du "plan Leproux" qu'après le rachat du club par Qatar Sports Investments, dont il a été une condition en même temps que la première phase d'un programme plus vaste concernant les tribunes. Dans la foulée de la dissolution ou de l'auto-dissolution des principales associations de supporters, les mesures de restriction sur les abonnements et le placement aléatoire dans les tribunes ont eu raison de toute présence associative, les Ultras se partageant d’ailleurs entre le boycott, le retour en catimini et le choix d'une expérience cruelle: ne plus pouvoir aimer son club, finir par ne plus le reconnaître.

On ne peut évidemment pas faire abstraction des événements et des actes qui ont entaché la vie du Parc des Princes depuis près de trente ans: exactions racistes, rixes, hooliganisme. Les Ultras portent une part de responsabilité dans leur situation: incapacité à se fédérer, tolérance coupable envers leurs éléments déviants, erreurs stratégiques... À leur décharge, le combat contre le mépris et les amalgames dont ils font l'objet était perdu d'avance. Mais, que l'on se réjouisse ou s'attriste de la métamorphose de ce stade, il faut prendre toute la mesure des événements. Ce que les dirigeants, avec l'aval des pouvoirs publics, ont éliminé, sous couvert d’élimination des violences et des dérives, c’est une partie essentielle du supportariat qui participait à l’identité du club, dont ils n’étaient pas les moins légitimes des dépositaires – tant les supporters conservent leur fidélité à leur club bien plus longtemps que les joueurs, les dirigeants ou les actionnaires.

MESURES D'EXCEPTION

Les fauteurs de trouble étaient identifiés depuis des années au grain de beauté près (joies de la vidéosurveillance), mais il a été plus rentable de profiter de l'émotion causée par la mort de Yann Lorence, en mars 2010, pour mener un grand nettoyage en optant pour la punition collective: plusieurs milliers de supporters ont été bannis au nom de la lutte contre une infime minorité d’entre eux. Les pouvoirs publics, longtemps passifs en dépit de leurs gesticulations médiatiques (lire "Sarkozy bloqué au même stade"), ont alors promu, par exemple, les fameuses interdictions administratives de stade (IAS), sur simple décision du préfet et sur la foi de vagues présomptions, sans intervention de la justice. Beaucoup d’IAS ont ensuite été déclarées illégales après recours devant les tribunaux, mais ça n’a pas empêché les autorités d'en étendre le champ d'application et de les infliger sans discernement. Par exemple, à près de 250 supporters ayant simplement participé à une manifestation (pacifique) aux abords du Parc des Princes en août 2010. S'y sont ajoutées d'ubuesques restrictions de circulation: ces jours-ci, un arrêté préfectoral, a interdit à tout “supporter parisien” démuni de billets pour le Lille-PSG de dimanche de circuler ou de stationner dans la métropole lilloise [1].

Tout récemment, le directeur de cabinet du préfet de police de Paris, Jean-Louis Flamenghi, a admis l’existence d’une “liste noire“ d’anciens interdits de stades n’ayant le droit ni de s’abonner, ni d’acheter des billets (lire ici). Une façon de transformer les IAS en condamnations à durée indéterminée, en toute opacité. Et désormais, sans vergogne. Les pouvoirs publics se livrent ainsi à un exercice tout à fait étonnant: la chasse non pas aux hooligans, mais aux Ultras, population criminalisée, déclarée indésirable, et bannie sans avoir, dans son écrasante majorité, commis le moindre délit (pas même l'usage des fumigènes que la Ligue assimile au hooliganisme – lire "Délit de supportérisme"). Le tout avec la bénédiction des médias, qui dans leur majorité, n'accordent pas la moindre importance à ces événements.

DEUXIÈME TOUR ÉLIMINATOIRE

Ce stade ultrasécurisé, doté de lois spéciales qui en restreignent l'accès, devient aussi, sans surprise, un centre de profits optimisé. Cette saison, la hausse brutale des prix des places et des abonnements marque la deuxième phase du processus de remplacement du public. C'est qu'il s'agit d'installer une clientèle plus sage et plus sympathique pour l'opinion publique, mais aussi plus aisée et plus consommatrice. Les propriétaires du PSG ne sont pas tout à fait ses mécènes, et ils doivent augmenter ses revenus en raison de la mise en œuvre du "fair-play financier". L'expropriation du public populaire doit suivre celle des Ultras, et elle s'accomplit d'autant plus en douceur que ces derniers, qui portaient justement un discours critique sur la marchandisation du football et constituaient le seul contre-pouvoir audible, ont disparu. À Paris, la politique des stars assure le succès de l'opération tout en justifiant l'inflation du prix de l'accès. Le tour de magie est fini: regardez bien, les supporters ont disparu.

Le néo-PSG a donc relégué à l'état de souvenirs un Parc des Princes dont l'acoustique phénoménale faisait détoner la clameur des deux kops (lire "Parc Life"). Avec son architecture singulière et son histoire dense, il était presque toujours désigné comme le préféré des joueurs et sa réputation était de dimension européenne. L'ambiance du vaisseau de Roger Taillibert est devenue très corporate: les drapeaux sont fournis, les slogans officiels parsèment les gradins et le bord du terrain, ainsi que les panneaux publicitaires pour QNB (Qatar National Bank) ou Be In Sport qui estampille aussi les écrans géants. En dépit de son impact sonore très limité, ce peut être un public difficile lui aussi: il en veut pour son argent, siffle à la mi-temps, abandonne vite la partie, ne reviendra pas si d'aventure les résultats ne suivent pas...

La reprise du Paris SG laisse sur le carreau le noyau dur des supporters, et l'on sent à quel point cette expérience pourrait faire école auprès des autres clubs. Le pari est pourtant risqué à long terme: peu enracinée en France, la culture du football peut-elle se passer aussi aisément du public le plus dévoué à sa passion? Ce Parc des Princes pasteurisé laisse une immense nostalgie, qu'ont voulu décrire les réalisateurs du documentaire Parc, donnant largement la parole à ceux ont connu celui d'avant. Au moins en restera-t-il quelques témoignages, afin que le souvenir n'en disparaisse pas trop vite, éclipsé par l'éclat (ou le clinquant) du nouveau PSG.
 

Carto

Dieu du forum
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Le moule , toujours le moule dans lequel nous devons nous fondre .
 

usapmesquemai

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merci Corbeau. Ce superbe article montre comment,sans trêve ni merci, le déploiement tout azimut de la cash machine, devient de fait une "normalisation" globale, entendue comme comme une mise au pas (de l'oie) de toute activité humaine en vue de la banalisation de la maximisation du profit comme unique horizon personnel et social par l'écrasement de tout ce qui pourrait lui faire obstacle.
 

usapmesquemai

Passe du temps sur le forum
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"(...) la société du spectacle affectionnée par Guy Debord qu'est envisagé le sens de la spectacularisation. Mystification, abrutissement idéologique, canalisation des énergies, divertissement économiquement dirigé, collaboration de classes, transformation des sportifs en médium de la publicité et de l'économie libérale, sont les indicateurs de cette interprétation. Le sport se présente comme un instrument de légitimation de l'ordre dominant en éduquant très tôt au principe de rendement, de productivité, de dépolitisation des consciences et s'affirme comme un puissant vecteur idéologique par les mises en scène des spectacles dont se servent les Etats pour asseoir leur légitimité ou leurs idéologies (cf. les J.O de Berlin en 1936)." Philippe Gaboriau, Les spectacles sportifs. Grandeurs et décadences
Paris, L'Harmattan, Collection Logiques sociales, 2003
"(...) [le sport] est devenu ainsi le cœur d’une société de spectacle dont le situationniste Guy Debord (1) avait esquissé la logique interne dès les années 1960. Une société où le paraître devient l’objectif ultime car « le spectacle ne veut en venir à rien d’autre qu’à lui-même » mettant dès lors au second plan la dimension sportive. En devenant une fin en soi, il a fini par s’imposer à tous les acteurs sportifs comme une évidence (économique surtout)." Édition : La Revue du Projet " Une autre conception du sport professionnel " (par Béatrice Barbusse
 

BallonRond66

USAPiste bavard
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Il y a des choses qui sont vrai , et d'autres qui le sont moins.

L'augmentation des tarifs en Premier League a eu l'effet escompté. Il a permis de virer la plupart des hooligans ( dont une grande partie d'entres eux qui ne regardaient même pas le match ) , les stades sont toujours pleins et l'ambiance est toujours exceptionelle.
Pour y etre aller moi même dans différents stades l'année derniere , j'ai payé 17 livres pour un match d'Europa league , et 30 livres pour un match de Premier League... Certes ce n'etait pas les clubs du Big four qui ne pratiquent pas les mêmes tarifs , mais ça restait jouable.

Le plan Leproux , autant contesté soit il , a quand même eu des effets positifs. Ca devenait impossible d'aller au Parc en famille , de rester jusqu'au coup de sifflet final , de prendre les places les moins chers , etc... Pour les assoc je suis d'accord , le placement aléatoire est pas top...Apres ça reste quand meme limité si on veut y aller entres potes , on peut faire des demandes ocmmunes. Il me semble de plus que cette restriction concernait uniquement les virages.

La dissolution de certains groupes était devenu une obligation. Un bon nombre de bagarre sont venus des supporters du PSG entre eux , entre la tribune Boulogne et la tribune Auteuil.
La premiere des Boulogne boys dites " Tribune blanche " que devrait aimer un paquet de forumeurs des Discussions diverses , et la 2eme Auteuil plus cosmopolite.
C'etait devenu une guerre idéologique et de pouvoirs , chose inacceptable pour un club sportif.

Malheureusement c'est comme partout, une majorité paye pour une minorité....mais si cela peut empêcher encore qu'il y ai plusieurs morts , je pense que les restrictions ne sont pas non plus trop difficiles pour les autres.

Quant aux drapeaux et à l'ambiance asceptisé, ce n'est en rien comparable à ce qui se passe au Stade Francais , faut pas éxagérer!

Ok il y a forcément de l'abus dans toutes ces restrictions , mais l'article est quand même super orienté vers le côté négatif de la chose!
 

rv66

Escargot photographe
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L'augmentation du prix des places et le placement aléatoire ont eu raisons de la motivation des supporters du PSG version Quatar dont voici le dernier :

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LoL
 
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