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Bannis
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Mourad Boudjellal: « Castres, qui a mérité son titre, ne suscite pas de passion »
Mourad Boudjellal, homme fort de Toulon, s’étonne que les présidents des nouveaux clubs forts du Top 14 ne soient pas davantage représentés à la LNR. Et évoque l’idée, certes encore lointaine, d’une scission.
« Trois des quatre clubs qualifiés pour les demi-finales sont présidés par des hommes d’affaires. Ça vous inspire quoi ?
– Je dirais plutôt que trois clubs sont sous mécénat (Castres, le Racing-Métro et Montpellier) et qu’un club vit avec une économie réelle (Toulon). Je suis le premier à avoir réussi un pari économique. Mais je suis persuadé que Jacky (Lorenzetti) et Mohed (Altrad) vont y parvenir. Le problème, c’est que Castres, qui a mérité son titre, ne suscite pas de passion, n’a pas de pouvoir d’attractivité. Ce n’est pas une critique, mais une analyse. On a des clubs qui vont jouer le titre qui font dix mille personnes au stade, ce n’est pas possible ! Il y a cinq ans, Castres et Montpellier luttaient pour ne pas descendre et le Racing et Toulon étaient en Pro D 2. Qu’est-ce qui a changé ? Ce n’est pas la formation de Castres, ou de Montpellier, qui est devenue hors norme. C’est simplement qu’il y a de l’argent.
Quand vous êtes arrivé à Toulon, en 2006, vous avez joué les mécènes…
– Oui, mais si je l’ai fait, c’était pour créer un modèle économique. J’ai réussi mon pari. Et rappelez-vous ce que j’ai dit lors de la signature (du Néo-Zélandais Tana) Umaga : le prix d’un joueur, ce n’est pas ce qu’il coûte, mais la différence entre ce qu’il coûte et ce qu’il rapporte. Depuis, certains ont retenu la leçon.
Clermont et Toulouse qui chutent avant les demi-finales, est-ce le signe d’une révolution en marche ?
– Non. Il y a trois clubs qui ont joué la Coupe d’Europe à fond (Toulouse, Clermont et Toulon) et trois clubs qui l’ont lâchée (Castres, Montpellier et le Racing-Métro). Clermont et Toulouse, qui avaient de nombreux internationaux, sont arrivés sur les genoux en barrages et sont tombés face à Castres et au Racing-Métro. D’ailleurs, les revenus liés aux qualifications européennes sont partagés entre tout le monde. Donc, économiquement, ça ne sert à rien de la jouer à fond.
Deux historiques, l’USAP et Biarritz, qui descendent, ce n’est pas anodin non plus ?
– La question que doit se poser Perpignan, c’est pourquoi, il y a cinq ans, l’USAP avait le double de budget de Toulon (le RCT avait déjà en réalité un budget supérieur à Perpignan à l’époque)et qu’aujourd’hui c’est l’inverse. De mauvais choix économiques ont été faits. Marcel Dagrenat(président de 2000 à 2007) était un grand dirigeant. Après, c’était le déluge.
Lyon monte en Top 14, Bordeaux est aux portes du top 6. Est-ce un message pour l’avenir du rugby dans les grandes villes ?
– Pas forcément car trop de gens veulent un Championnat qui ressemble à leurs souvenirs. J’ai plutôt envie de créer nos souvenirs de demain. Je veux que le rugby concurrence le football. Un grand club à Marseille, ce ne serait pas bon pour Toulon, mais bon pour le rugby. Allons-y.
Comment ?
– L’arrivée de l’argent fait partie du professionnalisme. Il faut que des gens mettent de l’argent pour créer un modèle économique. J’ai eu la chance d’arriver à un endroit où le terreau était fertile. Pour le président Rivière, la descente est presque une aubaine car il a tout à reconstruire. La Pro D 2, c’est une chance. À Toulon, on n’aurait peut-être pas le même parcours si on n’y était pas passés.
Comment voyez-vous le Top 14 dans cinq à dix ans ?
– Soit les gens au pouvoir sont encore là et ils empêcheront le développement du rugby. Soit on va assister à une révolution au niveau des instances et le football a du souci à se faire. Si vous prenez les quatre demi-finalistes, aucun (président) n’est au comité directeur de la Ligue. Quand j’ai été écrasé par (Jean-Marc) Manducher d’Oyonnax, c’est parce qu’il vote ce qu’on lui dit de voter. Ils ont trop peur de certaines personnes. Manducher est gentil, mais ce n’est pas lui qui va révolutionner les choses.
Pensez-vous pouvoir prendre le pouvoir avec Lorenzetti et Altrad ?
– Qui pensait que (Nelson) Mandela sortirait de prison et prendrait le pouvoir ? Le problème, c’est l’usure. Moi, ça va. Peut-être qu’un jour, on montera une Ligue privée. Certains présidents en parlent. On n’y est pas. Mais que le concept sorte, c’est éloquent. Il y a de la lassitude.
Source: lequipe.fr
Mourad Boudjellal, homme fort de Toulon, s’étonne que les présidents des nouveaux clubs forts du Top 14 ne soient pas davantage représentés à la LNR. Et évoque l’idée, certes encore lointaine, d’une scission.
« Trois des quatre clubs qualifiés pour les demi-finales sont présidés par des hommes d’affaires. Ça vous inspire quoi ?
– Je dirais plutôt que trois clubs sont sous mécénat (Castres, le Racing-Métro et Montpellier) et qu’un club vit avec une économie réelle (Toulon). Je suis le premier à avoir réussi un pari économique. Mais je suis persuadé que Jacky (Lorenzetti) et Mohed (Altrad) vont y parvenir. Le problème, c’est que Castres, qui a mérité son titre, ne suscite pas de passion, n’a pas de pouvoir d’attractivité. Ce n’est pas une critique, mais une analyse. On a des clubs qui vont jouer le titre qui font dix mille personnes au stade, ce n’est pas possible ! Il y a cinq ans, Castres et Montpellier luttaient pour ne pas descendre et le Racing et Toulon étaient en Pro D 2. Qu’est-ce qui a changé ? Ce n’est pas la formation de Castres, ou de Montpellier, qui est devenue hors norme. C’est simplement qu’il y a de l’argent.
Quand vous êtes arrivé à Toulon, en 2006, vous avez joué les mécènes…
– Oui, mais si je l’ai fait, c’était pour créer un modèle économique. J’ai réussi mon pari. Et rappelez-vous ce que j’ai dit lors de la signature (du Néo-Zélandais Tana) Umaga : le prix d’un joueur, ce n’est pas ce qu’il coûte, mais la différence entre ce qu’il coûte et ce qu’il rapporte. Depuis, certains ont retenu la leçon.
Clermont et Toulouse qui chutent avant les demi-finales, est-ce le signe d’une révolution en marche ?
– Non. Il y a trois clubs qui ont joué la Coupe d’Europe à fond (Toulouse, Clermont et Toulon) et trois clubs qui l’ont lâchée (Castres, Montpellier et le Racing-Métro). Clermont et Toulouse, qui avaient de nombreux internationaux, sont arrivés sur les genoux en barrages et sont tombés face à Castres et au Racing-Métro. D’ailleurs, les revenus liés aux qualifications européennes sont partagés entre tout le monde. Donc, économiquement, ça ne sert à rien de la jouer à fond.
Deux historiques, l’USAP et Biarritz, qui descendent, ce n’est pas anodin non plus ?
– La question que doit se poser Perpignan, c’est pourquoi, il y a cinq ans, l’USAP avait le double de budget de Toulon (le RCT avait déjà en réalité un budget supérieur à Perpignan à l’époque)et qu’aujourd’hui c’est l’inverse. De mauvais choix économiques ont été faits. Marcel Dagrenat(président de 2000 à 2007) était un grand dirigeant. Après, c’était le déluge.
Lyon monte en Top 14, Bordeaux est aux portes du top 6. Est-ce un message pour l’avenir du rugby dans les grandes villes ?
– Pas forcément car trop de gens veulent un Championnat qui ressemble à leurs souvenirs. J’ai plutôt envie de créer nos souvenirs de demain. Je veux que le rugby concurrence le football. Un grand club à Marseille, ce ne serait pas bon pour Toulon, mais bon pour le rugby. Allons-y.
Comment ?
– L’arrivée de l’argent fait partie du professionnalisme. Il faut que des gens mettent de l’argent pour créer un modèle économique. J’ai eu la chance d’arriver à un endroit où le terreau était fertile. Pour le président Rivière, la descente est presque une aubaine car il a tout à reconstruire. La Pro D 2, c’est une chance. À Toulon, on n’aurait peut-être pas le même parcours si on n’y était pas passés.
Comment voyez-vous le Top 14 dans cinq à dix ans ?
– Soit les gens au pouvoir sont encore là et ils empêcheront le développement du rugby. Soit on va assister à une révolution au niveau des instances et le football a du souci à se faire. Si vous prenez les quatre demi-finalistes, aucun (président) n’est au comité directeur de la Ligue. Quand j’ai été écrasé par (Jean-Marc) Manducher d’Oyonnax, c’est parce qu’il vote ce qu’on lui dit de voter. Ils ont trop peur de certaines personnes. Manducher est gentil, mais ce n’est pas lui qui va révolutionner les choses.
Pensez-vous pouvoir prendre le pouvoir avec Lorenzetti et Altrad ?
– Qui pensait que (Nelson) Mandela sortirait de prison et prendrait le pouvoir ? Le problème, c’est l’usure. Moi, ça va. Peut-être qu’un jour, on montera une Ligue privée. Certains présidents en parlent. On n’y est pas. Mais que le concept sorte, c’est éloquent. Il y a de la lassitude.
Source: lequipe.fr